L’écrivain franco-algérien Kamel Daoud, lauréat du prix Goncourt 2024 pour son roman Houris, est désormais visé par deux mandats d’arrêt internationaux émis par la justice algérienne, a révélé mardi l’Agence Radio France.
Le premier mandat a été transmis à Interpol par les autorités algériennes en mars, le second début mai. Cette décision intervient alors que le roman de Kamel Daoud, interdit en Algérie, continue de susciter la polémique. L’ouvrage retrace l’histoire d’une survivante de la guerre civile des années 1990, période sensible souvent désignée sous le nom de “décennie noire”.
Selon Me Jacqueline Laffont, avocate de l’auteur, ces mandats sont avant tout politiques :“Ils s’inscrivent dans une volonté de faire taire un écrivain dont l’œuvre dérange par sa portée historique et critique”, a-t-elle déclaré. Elle a annoncé avoir saisi la Commission de contrôle des fichiers d’Interpol pour empêcher la diffusion de ces mandats qu’elle juge “manifestement abusifs”.
Depuis la publication de Houris, Kamel Daoud fait face à plusieurs plaintes en Algérie. L’une d’elles, déposée à Oran, l’accuse de violer la loi sur la réconciliation nationale. Adoptée en 2005, cette loi interdit toute mention publique des violences de la guerre civile si elle risque de porter atteinte à l’image des institutions.
Une autre plainte, déposée en novembre 2024, accuse l’écrivain de s’être inspiré sans autorisation d’un récit personnel pour écrire son roman, violant ainsi le secret médical. L’auteur rejette fermement ces accusations, affirmant que Houris est une œuvre de fiction, nourrie de ses expériences de journaliste dans les années 1990.
Une audience liée à cette affaire doit se tenir ce mercredi 7 mai au tribunal de Paris.