Face à une vague de manifestations sans précédent depuis douze ans, le gouvernement turc, dirigé par Recep Tayyip Erdogan, intensifie sa répression des médias. Arrestations de journalistes, sanctions contre des chaînes de télévision et suppression des images des manifestations : les autorités verrouillent l’information pour contenir la contestation populaire.
Le 28 mars, les journalistes Elif Bayburt de l’agence de presse Etkin et Nisa Sude Demirel du site Evrensel ont été interpellées lors de descentes de police. Leur arrestation rejoint celle d’une dizaine de journalistes qui couvraient les manifestations en cours depuis près de dix jours.
Reporters sans frontières dénonce une répression systématique, avec des arrestations de plus en plus fréquentes. Le syndicat des journalistes turcs appelle les autorités à permettre aux médias d’accomplir leur travail et à mettre fin à ces détentions illégales.
Depuis l’arrestation d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal opposant à Erdogan, la Turquie est secouée par des manifestations d’une ampleur inédite depuis les événements de Gezi en 2013. Imamoglu, accusé de corruption dans une affaire jugée politiquement motivée, est en prison depuis le 19 mars, et son avocat a également été brièvement arrêté.
Malgré les affirmations du gouvernement sur l’indépendance de la justice, certains analystes considèrent cette situation comme une manœuvre pour écarter un rival politique avant l’élection présidentielle de 2028.