Le Conseil supérieur des comptes critique la stratégie énergétique du Maroc

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Dans son rapport annuel pour 2023-2024, le Conseil supérieur des comptes a souligné plusieurs lacunes dans la gestion de la stratégie énergétique du Maroc, particulièrement en ce qui concerne le développement du gaz naturel. Le rapport révèle qu’aucune stratégie officielle n’a été mise en place pour encadrer les nombreuses initiatives lancées depuis 2011, freinant ainsi l’objectif de transition énergétique du pays, notamment la réduction progressive de la dépendance au charbon pour la production d’électricité.

Recommandations pour une meilleure gouvernance énergétique

Le Conseil a recommandé au gouvernement de développer une stratégie nationale pour l’efficacité énergétique et de la mettre en œuvre, soulignant la nécessité d’un cadre incitatif pour promouvoir des actions concrètes. Parmi les recommandations, il a aussi demandé à la ministère de l’Transition énergétique et du Développement durable de mettre en place un cadre de gestion sectorielle, avec des programmes contractuels entre l’État et les entreprises publiques du secteur, afin de garantir une mise en œuvre optimale.

La nécessité d’une réforme du secteur de l’électricité

Concernant le secteur de l’électricité, le rapport recommande d’accélérer les réformes, en particulier en ce qui concerne la séparation des activités de production, transport et distribution. Le Conseil a insisté sur l’importance de mettre en place une agence de gestion du réseau de transport d’électricité, et de finaliser le transfert des installations des énergies renouvelables de l’Office National de l’Électricité et de l’Eau Potable (ONEE) à l’Agence Marocaine de l’Énergie Solaire (MASEN).

L’importance de la gestion des stocks de carburants

Le rapport a également attiré l’attention sur la gestion des stocks de carburants, soulignant que le Maroc ne dispose pas des réserves minimales nécessaires, avec des stocks de gazole, essence et gaz butane ne dépassant pas 37, 31 et 32 jours respectivement en 2023, loin des 60 jours requis par la stratégie énergétique nationale.

Problèmes de gouvernance et de planification

Le Conseil a mis en évidence les déficiences dans la gouvernance du secteur énergétique, notamment le manque de régularité des réunions des organes de gestion des entreprises publiques, avec seulement cinq réunions du conseil d’administration de l’ONEE entre 2010 et 2023, alors que la loi en prévoit 28. Ce manque de coordination empêche une gestion efficace des ressources et freine le développement de projets d’envergure.

Retards dans les projets d’énergies renouvelables

Bien que la part des énergies renouvelables dans la capacité installée ait augmenté de 32 % en 2009 à 40 % en 2023, l’objectif de 42 % pour 2020 n’a pas été atteint. Le retard dans la mise en œuvre de plusieurs projets, notamment ceux issus de la loi 13-09 sur les énergies renouvelables, et le manque de capacité d’accueil du réseau de transport ont freiné le développement de ce secteur.

Les défis liés aux énergies nucléaire et biomasse

En ce qui concerne l’énergie nucléaire et la biomasse, deux options stratégiques choisies pour renforcer la sécurité énergétique du Maroc, le rapport indique que ces projets n’ont pas progressé de manière significative, restant toujours à des étapes initiales à la fin de l’année 2023.

Besoin urgent de réformes structurelles

Le Conseil supérieur des comptes a conclu que, pour répondre aux défis énergétiques de demain, le Maroc doit adopter une approche globale et intégrée de sa politique énergétique, en révisant sa stratégie et en renforçant la gouvernance du secteur. Le pays doit se concentrer sur l’efficacité énergétique, la gestion des stocks, le développement des énergies renouvelables, et la création d’un environnement réglementaire propice aux investissements.

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