Les interventions humanitaires armées soulèvent un large débat entre justifications humanitaires et considérations politiques, et cela est clairement évident dans des cas tels que l’opération « Provide Comfort » menée par les États-Unis dans le nord de l’Irak en 1991, ainsi que dans d’autres interventions militaires qui ont suivi.
Intervention humanitaire dans le nord de l’Irak en 1991
Après la fin de l’opération Tempête du désert, qui visait à mettre fin à l’invasion du Koweït par l’Irak, une nouvelle crise a éclaté lorsque le régime de Saddam Hussein a réprimé la rébellion kurde dans le nord de l’Irak, repoussant environ un million de Kurdes vers les frontières iraniennes et turques. Cette situation s’est produite dans le contexte de la résolution n° 688 du Conseil de sécurité, qui appelait l’Irak à mettre fin à la répression contre les Kurdes et à permettre aux organisations humanitaires de les atteindre.
Dans les 24 heures qui ont suivi l’adoption de la résolution, les États-Unis ont dirigé une coalition internationale dans le cadre de l’opération Provide Comfort, qui comprenait l’application d’une zone d’exclusion aérienne et la fourniture d’une aide aux Kurdes, établissant des zones du nord de l’Irak sous autorité kurde plutôt qu’iraquienne.
Polémique sur la légitimité juridique
**1. Légitimité de l’intervention : les interventions humanitaires contredisent la Charte des Nations Unies, qui interdit le recours à la force contre les États, sauf en cas de légitime défense ou sur décision du Conseil de sécurité. L’opération Provide Comfort a soulevé des questions quant à sa légitimité juridique, car elle ne disposait pas d’un mandat explicite de l’ONU.
**2. Fondé sur les droits de l’homme : les partisans des interventions humanitaires soutiennent que les violations flagrantes des droits de l’homme justifient une intervention internationale pour protéger les civils. Cette logique s’est incarnée dans l’opération Provide Comfort, dans laquelle la France, par exemple, a considéré les violations irakiennes comme des crimes contre l’humanité.
Autres interventions humanitaires
Depuis 1991, le monde a été témoin de plusieurs interventions militaires fondées sur des justifications humanitaires, telles que les interventions en Somalie (1992), au Rwanda (1994), au Kosovo (1999), ainsi qu’en Afghanistan et en Irak (2001 et 2003). Malgré les justifications humanitaires, bon nombre de ces interventions étaient motivées par des objectifs politiques et stratégiques :
**1. Interventions à des fins humanitaires : Certaines interventions, comme celles au Kosovo et au Timor oriental, étaient justifiées par la protection des civils contre des abus généralisés, mais ont été critiquées quant à leurs véritables motivations.
**2. Objectifs politiques : De nombreuses interventions étaient également motivées par des intérêts politiques et stratégiques. En cas d’intervention dans le nord de l’Irak, les États-Unis visent à affaiblir le régime de Saddam Hussein et à empêcher une déstabilisation en Turquie.
Le principe de la « responsabilité de protéger »
En 2001, le rapport de la Commission sur l’intervention et la souveraineté des États a proposé le principe de « responsabilité de protéger », qui met l’accent sur la responsabilité des États de protéger leurs populations contre les crimes graves, avec le rôle de la communauté internationale pour encourager et aider l’État, et pour les cas où l’État échoue, permettant à la communauté internationale d’intervenir.
**1. Les trois fondements : ce principe comprend la responsabilité de l’État, le rôle de la communauté internationale en matière d’assistance et d’intervention dans les cas extrêmes, conformément au mandat du Conseil de sécurité.
**2. Objections : De fortes objections subsistent à l’encontre de ce principe, avec la crainte qu’il soit utilisé comme excuse à des fins impérialistes, et des questions sur l’efficacité des interventions pour parvenir à une stabilité à long terme.