Pour limiter le réchauffement climatique, baleines et éléphants sont nos alliés

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Membres éminents de la biodiversité de notre planète, les grands animaux seraient aussi des alliés de poids face au réchauffement climatique.

Animaux – Poids lourds du monde vivant, les baleines, rhinocéros et autres grands animaux pèseraient également de toutes leurs forces dans la lutte contre le réchauffement de la planète. C’est ce qu’affirme une étude de chercheurs de l’université d’Oxford publié le 28 février dernier dans Current Biology. 

Actuellement, la plupart des recherches visant à mettre en relation biodiversité et climat se concentrent sur les végétaux et les sols. En effet lorsqu’il s’agit de contribuer à atténuer les effets du réchauffement climatique  (en absorbant le CO2 notamment), on pense généralement à la flore plutôt qu’à la faune. 

Mais les animaux ont leur rôle à jouer, particulièrement les plus grosses espèces, dans la lutte contre le dérèglement climatique. Ils sont efficaces via trois mécanismes: la captation du carbone, l’albédo (la capacité des surfaces à réfléchir le rayonnement solaire) et la lutte contre les incendies.

Des protecteurs du climat 

Mégafaune. Tel est le nom donné à l’ensemble des grands animaux dont le poids à l’âge adulte dépasse une masse donnée (à partir de 45 kg pour les herbivores et 15 kg pour les carnivores). Leur importance au sein du monde vivant est bien connue en tant que maillons essentiels à l’équilibre des écosystèmes. 

Dès lors, quand une espèce est menacée, c’est tout le bateau qui tangue, causant un risque d’impact négatif sur le réchauffement climatique. C’est pour cette raison que la biodiversité fait partie des neuf limites planétaires qui, si elles sont dépassées, déstabiliseront irrémédiablement notre planète (cinq limites, dont la biodiversité, ont déjà étés dépassées). Alors, pour limiter la casse, il est essentiel de préserver ces animaux; d’autant plus qu’ils offrent de nombreux bénéfices climatiques.

Lorsqu’ils pâturent, les grands herbivores broutent et piétinent la végétation, entrainant une diminution de la densité végétale. Dans les régions polaires, cela laisse plus de place aux sols blancs enneigés. Ces habitats ouverts ont tendance à être plus pâles (avec un albédo plus élevé) et reflètent donc davantage le rayonnement solaire dans l’atmosphère, refroidissant la surface de la Terre. 

Cette activité animale permet également d’exposer davantage le sol à l’air froid. Cela empêche la fonte du permafrost (couche sous le sol gelé en permanence) contenant de nombreux gaz à effet de serre. C’est pourquoi les programmes visant à réintroduire le bison et d’autres animaux dans la toundra arctique peuvent jouer un rôle important dans la conservation et l’adaptation au changement climatique à l’échelle locale. 

Acteurs multifonctions

Autre activité, la lutte contre incendies de forêt qui ont provoqué en 2021, un record d’émissions de CO2 dues aux incendies de forêt ont atteint un niveau record. La mégafaune peut alors enfiler le costume de pompiers puisqu’en broutant la végétation ligneuse qui alimente les feux ils limitent les risques d’incendie. Et en piétinant les chemins, ils créent des brèches naturelles qui font office de coupe-feu dans la végétation. 

Mais leur rôle ne s’arrête pas là. En effet durant leurs longs repas quotidiens, les grands herbivores dispersent des graines, défrichent la végétation et fertilisent le sol, contribuant à construire des écosystèmes plus complexes et résilients. Ces activités peuvent maintenir et augmenter les stocks de carbone dans le sol, traités ensuite par les plantes.

La lutte contre le réchauffement climatique se passe aussi au sein des océans. Dans les écosystèmes marins, les baleines et autres grands animaux fertilisent le phytoplancton, lui permettant de se développer. Cet organisme unicellulaire à la base de la chaine alimentaire capture 37 milliards de tonnes de CO2 chaque année. Il libère également des particules dans l’air pouvant, entre autres, contribuer à la réflexion de la lumière solaire dans l’atmosphère.

Restent les carnivores. Acteurs essentiels, ils ont la tâche de réguler les écosystèmes afin d’éviter la surpopulation d’animaux. Lorsqu’ils disparaissent, cela cause un dérèglement comme on l’observe en France avec les sangliers ou dans l’océan Pacifique avec le calamar de Humbolt. Tous deux débarrassés de leurs prédateurs respectifs (loup, thon et dorade) ils deviennent des fléaux environnementaux. 

Piliers de la biodiversité 

Alors que le réchauffement climatique est en marche, il ne s’agit pas seulement de lutter, mais aussi de s’adapter au changement. En cela aussi les poids lourds du monde animal jouent un rôle, semblable à des piliers protégeant la biodiversité. La mégafaune favorise ainsi l’hétérogénéité des habitats et augmente la résistance aux changements brusques des écosystèmes.

Cela permet de limiter des phénomènes comme la disparition de la glace au Groenland ou bien encore le réchauffement des océans, cause de la disparition d’espèces adaptées à des environnements bien spécifiques. Ainsi les grands animaux rendent les écosystèmes plus résilients face au changement climatique. 

Par ailleurs, comme l’explique le chercheur Yadvinder Malhi co-auteur de l’étude, “ce rapport met en évidence les lacunes dans nos connaissances, notamment en ce qui concerne notre compréhension des sols et des océans profonds, où des recherches supplémentaires pourraient permettre d’identifier de nouvelles possibilités de restauration de la faune sauvage et de lutte contre le changement climatique.”

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