Le chef du gouvernement Aziz Akhannouch a adressé le 3 août aux ministres et aux Hauts commissaires, la note de cadrage fixant les objectifs et les contours du projet de Loi de Finances 2023. À la mi-septembre prochain, le gouvernement ouvrira les premiers rounds du dialogue social avec les syndicats dans une tentative de simplifier le contenu de la loi et chercher des solutions pour mettre fin à la polémique autour de nombreux dossiers en suspens.
Représentant l’un des syndicats les plus représentatifs, Miloudi Moukharik, secrétaire général de l’Union marocaine du travail (UMT), a indiqué que la centrale syndicale se réunira avec le gouvernement à la mi-septembre pour déterrer de nombreux dossiers.
Tout en affirmant apprécier à sa juste valeur la présence dans la note de cadrage du PLF 2023 de points relatifs au projet de protection sociale porté par le Roi Mohammed VI, il a tout de même exprimé sa surprise de l’absence de plusieurs questions convenues lors de réunions précédentes.
Dans une déclaration à Hespress, Moukharik a révélé que « la note n’a pas évoqué le contenu des rounds du dialogue social tenu cette année ni mentionné l’un des dossiers les plus importants pour les syndicats, qui est la réduction de l’impôt sur les salaires des employés ».
Le responsable syndical a affirmé que « le gouvernement a promis de résoudre ce point au cours du mois de septembre, ce qui permettra d’obtenir justice pour les personnes concernées », soulignant que « la réduction de l’impôt sur les salaires est une priorité absolue pour l’UMT».
Après avoir salué la décision autour de la possibilité d’apporter un soutien direct aux Marocains afin de bénéficier d’un logement, Moukahrik a noté que « ce point aurait dû passer par les canaux du dialogue social afin de l’améliorer davantage » ?
« l’UMT procédera à l’analyse de la note de cadrage, et le groupe parlementaire présentera les détails », a-t-il dit.
Pour sa part, Lahcen Nazhi, conseiller de la Confédération démocratique du travail (CDT), a fait observer que « la note du chef du gouvernement apporte des orientations où les attentes et les intérêts de la classe ouvrière et des groupes vulnérables en général ne figurent pas ».
«La note n’apporte pas une nouvelle vision, ni de vraies solutions aux problèmes et aux souffrances des Marocains », estime-t-il.
Pour le syndicaliste, «le gouvernement a commis une erreur dans l’organisation des priorités et l’approche de base pour parvenir à un développement global. Et malheureusement, la note manque de courage et de profondeur réformiste permettant de jeter les bases du développement global ».
Lahcen Nazhi fait, en outre noter, que « la première observation sur la note du chef du gouvernement est qu’elle commence par une introduction justificative, évoquant les répercussions de la pandémie du Covid-19, la crise de la hausse des prix, due à la guerre russo-ukrainienne, et la rareté des précipitations cette année ».
Il a donc estimé que « le gouvernement anticipe toute critique et lie tout échec possible à la pandémie, la sécheresse et les prix élevés à l’échelle mondiale, alors qu’il devait s’attendre justement à cette hausse de l’inflation et trouver des solutions, et non se contenter de justifications ».
Deuxième constat du conseiller de la CDT est que, « au lieu que la note évoque l’avenir, vu qu’elle prépare un projet de loi de finances pour l’année à venir, liste des mesures antérieures et dont l’impact n’a pas été ressenti par le citoyen, notamment le contrôle des prix et la mobilisation de tant de milliards pour soutenir le pouvoir d’achat du citoyen ».
Quant au troisième point, poursuit le syndicaliste, il s’agit « d’aborder la solidité des finances publiques, et en même temps, de maintenir le budget d’investissement public au lieu de parler d’augmenter ce budget, pour créer un dynamisme économique, tout en évoquant les équilibres économiques, à l’instar des gouvernements précédents, sans mentionner les équilibres sociaux ».
Et enfin, le quatrième point soulevé par le syndicaliste concerne la protection sociale et « le discours sur la poursuite de la mise en oeuvre de ses chantiers sans fournir des orientations ni des quant aux dates et procédures stipulées dans la loi sur la protection sociale, sachant que cette dernière fixe des objectifs chiffrés».