En Espagne, près des deux tiers des travailleurs étrangers occupent des emplois peu qualifiés, selon une étude de l’Institut universitaire d’études sur les migrations. Cette situation aggrave les inégalités sociales et enferme les migrants dans un cercle difficile à briser.
Les Marocains, deuxième groupe d’immigrants étrangers en Espagne, sont majoritairement employés dans des métiers sous-payés. Au premier trimestre 2025, ils étaient 25 900 à arriver en Espagne, derrière les Colombiens, mais devant les Vénézuéliens et les Honduriens.
Depuis 2018, plus de 237 000 Marocains ont obtenu la nationalité espagnole. Pourtant, ils figurent aussi parmi les nationalités ayant le plus quitté le pays, avec 13 900 départs recensés.
Le chercheur espagnol Yoan Molinero souligne que les migrants travaillent souvent dans des secteurs où les salaires sont bas et la précarité élevée. Leur position sociale reste donc fragile, ce qui peut affecter également les générations futures.
Cette situation s’explique par plusieurs facteurs, notamment l’existence de marchés du travail dualistes et des politiques migratoires qui orientent les migrants vers les emplois les moins qualifiés. Les migrants en situation irrégulière ou arrivés avec des visas touristiques sont particulièrement touchés.
Les statistiques montrent que seulement 1,6 % des migrants occupent des postes de direction, contre 4,6 % des Espagnols. Dans les métiers techniques et scientifiques, 8,1 % des migrants sont employés, contre près de 25 % des Espagnols. Par ailleurs, près de 30 % des migrants travaillent dans des professions élémentaires, contre moins de 9 % pour les Espagnols.
Cette réalité souligne un système inégalitaire qui limite la mobilité sociale des migrants, en particulier des Marocains, malgré leur poids démographique et économique croissant en Espagne. Par ailleurs, les politiques migratoires restrictives encouragent certains à quitter le pays.