Le secteur de la santé au Maroc a connu d’importantes avancées, mais reste marqué par des déficits chroniques qui se sont accumulés au fil des décennies, a reconnu mardi le ministre de la Santé et de la Protection sociale, Amine Tehraoui. Face à ce constat, le gouvernement a lancé une réforme structurelle en profondeur, présentée comme une priorité nationale.
Intervenant devant la Commission de l’enseignement et des affaires culturelles et sociales à la Chambre des conseillers, M. Tehraoui a rappelé que cette réforme s’inscrit dans le cadre de la loi-cadre 06.22. Elle repose sur quatre piliers : les infrastructures, les ressources humaines, la gouvernance et la numérisation.
Des efforts importants pour renforcer les infrastructures
Concernant les infrastructures, le ministre a souligné la création ou la rénovation de nombreux établissements de santé. Le nombre de centres hospitaliers universitaires (CHU) est passé de quatre en 2022 à plusieurs structures supplémentaires en cours d’ouverture ou en projet, à Tanger, Agadir, Laâyoune, Guelmim, Errachidia, Béni Mellal et Rabat.
Un programme de réhabilitation a permis la rénovation de 1.000 centres de santé primaires sur un objectif de 1.400 d’ici fin 2025. Un second programme prévoit la réhabilitation de 1.600 centres supplémentaires, portant le total à plus de 3.000 centres concernés à l’échelle nationale.
Entre 2022 et 2025, 22 hôpitaux régionaux et provinciaux ont été construits ou rénovés, ajoutant 2.433 lits. Entre 2025 et 2026, 24 nouveaux projets verront le jour, avec une capacité de 2.273 lits.
Cap sur la formation et les ressources humaines
Pour répondre à la pénurie de personnel, le ministère a élargi l’offre de formation. Le nombre de places pour les médecins est passé de 2.650 en 2019 à 6.414 en 2025, et celui des instituts de formation infirmière a atteint 9.500 places en 2024, contre 2.735 en 2019.
Une nouvelle gouvernance et un système numérique unifié
La réforme prévoit également l’entrée en service de plusieurs agences clés :
- La Haute Autorité de la Santé, dont les membres sont en cours de sélection,
- L’Agence marocaine du médicament et des produits de santé,
- L’Agence marocaine du sang, avec une réorganisation nationale des banques de sang.
La numérisation du système se concrétise par l’instauration d’un dossier médical commun, la généralisation de la télémédecine dans plusieurs régions reculées, et l’unification des systèmes d’information dans plusieurs CHU, hôpitaux et centres de santé.
Appel à plus de communication et à un meilleur suivi
Les membres de la Commission ont salué les efforts entrepris et l’augmentation du budget du ministère, passé de 19 à 32,5 milliards de dirhams. Toutefois, ils estiment que ces réalisations ne sont pas encore suffisamment ressenties par les citoyens.
Ils appellent à renforcer la communication, à mieux gérer les ressources humaines via des redéploiements, des partenariats territoriaux, et des incitations pour attirer les compétences médicales, notamment celles établies à l’étranger.
Enfin, ils insistent sur l’importance du contrôle et du suivi pour garantir une utilisation efficace des ressources et une amélioration tangible des services de santé.