Des associations de protection animale alertent sur un possible massacre de chiens errants au Maroc, à l’approche de la Coupe du Monde de football 2030, que le pays coorganisera avec l’Espagne et le Portugal. Elles craignent l’abattage de 3 millions de chiens d’ici là.
Depuis plusieurs mois, des images et témoignages circulent sur les réseaux sociaux montrant des captures violentes de chiens errants. Certains seraient tués par balles, d’autres empoisonnés. Une coalition internationale parle d’animaux abattus « presque chaque jour » par des agents municipaux, dans des conditions jugées inhumaines.
Des autorités qui démentent, des ONG qui dénoncent
Le gouvernement marocain dément officiellement tout plan d’abattage massif. Selon Mohammed Roudani, de la Direction générale des Collectivités Territoriales, ces informations sont « dénuées de fondement ». Il affirme que le Maroc applique la méthode TNVR (Trap-Neuter-Vaccinate-Return), consistant à capturer, stériliser, vacciner puis relâcher les animaux.
Mais sur le terrain, plusieurs associations affirment le contraire. Ali Izddine, président de la SPA du Maroc, déclare avoir été témoin de scènes de grande cruauté : chiens tués sur place, laissés agonisants, ou empoisonnés. « Si les chiens étaient relâchés après stérilisation, où sont-ils aujourd’hui ? », s’interroge-t-il.
Une commande de poison qui inquiète
En juillet 2024, la SPA du Maroc affirmait avoir été informée d’une commande de 3 millions de doses de poison par l’État marocain. Une information non confirmée, mais qui fait craindre un recours à des méthodes plus discrètes que les fusils, pour éviter les scandales médiatiques.
Selon Ali Izddine, « une telle opération ne pourrait viser que les chiens et les chats errants », car aucun autre type d’animal n’est ciblé. Il redoute un empoisonnement massif d’ici 2030.
Un combat porté jusqu’au roi et à la FIFA
Face à l’inaction des autorités, les ONG ont décidé de faire entendre leur voix. La Fondation 30 Millions d’Amis a interpellé l’Ambassade du Maroc en France et la FIFA. Sa présidente, Reha Hutin, a écrit à Gianni Infantino pour que « la Coupe du Monde de football n’entraîne pas la mort de millions de chiens ».
Ali Izddine, de la SPA du Maroc, a même remis en main propre une lettre au roi Mohammed VI, accompagnée d’une proposition de loi pour la protection animale. Il espère un geste fort du souverain.
Des solutions existent, mais manquent de soutien
Certaines associations, comme Nos Amis pour la Vie, ont déjà prouvé que des solutions humaines et efficaces sont possibles. Elles stérilisent et vaccinent des chiens à Marrakech, avec de bons résultats. « Les gens du quartier adorent ces chiens en bonne santé, identifiés et non agressifs », témoigne Julia, fondatrice du sanctuaire.
Mais les moyens manquent. « On sait capturer les chiens, on sait les stériliser, mais on n’a pas de subventions », déplore-t-elle. Elle propose des solutions comme les “vetbus”, utilisés en Turquie, pour soigner et stériliser les animaux directement sur place.
Une politique inefficace et contre-productive
Pour les défenseurs des animaux, abattre les chiens ne fait qu’empirer la situation. Les femelles restantes se reproduisent davantage, d’autres chiens s’installent sur les territoires libérés, et le risque de rage augmente. Seule une politique de stérilisation, menée avec sérieux et moyens, permettrait une baisse durable de la population canine errante.
Les ONG demandent à être écoutées. Car derrière chaque chien tué, il y a un échec de politique publique et une souffrance évitable.
