Alors que le débat sur la révision des lois électorales prend de l’ampleur au Maroc, le Centre Al-Mouachir pour les études et recherches a soumis au ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, un rapport contenant une série de propositions visant à renforcer la transparence et l’intégrité du processus électoral.
Le document appelle à une refonte du cadre juridique des élections, pour le rendre plus adapté aux réalités actuelles et aux exigences d’une démocratie en évolution. Parmi les mesures phares, le Centre propose d’exiger un niveau académique minimum pour les candidats : le baccalauréat pour les législatives et les conseils régionaux, et le certificat d’études primaires pour les conseils provinciaux et préfectoraux.
Encourager les jeunes et moraliser la vie politique
Le rapport recommande également l’instauration d’un quota de 20 % de jeunes de moins de 35 ans parmi les têtes de liste parlementaires, à condition qu’ils soient titulaires d’un master ou équivalent. Il propose par ailleurs l’interdiction de se présenter pendant deux mandats pour toute personne condamnée pour mauvaise gestion publique ou ayant fait l’objet de rapports défavorables de la Cour des comptes.
Tous les candidats devraient déclarer leurs biens, suivre une formation obligatoire en droit et en éthique, et signer un engagement au service de l’intérêt général.
Encadrement des dépenses et lutte contre les abus
Pour assainir les pratiques électorales, le rapport appelle à un encadrement strict des dépenses de campagne avec publication obligatoire des recettes et dépenses. Il recommande aussi l’organisation de débats publics obligatoires dans les grandes circonscriptions, sous supervision indépendante.
Le Centre propose de criminaliser l’usage des symboles religieux, tribaux ou familiaux à des fins électorales, et de transformer les campagnes en véritables projets politiques, clairs et mesurables. Il insiste également sur la nécessité de réglementer l’usage du numérique pour lutter contre les fausses informations et les discours haineux.
Transparence financière et contrôle renforcé
Le rapport suggère que toutes les opérations financières soient liées à des comptes bancaires spécifiques, suivies en temps réel, avec identification des donateurs et plafonnement des contributions. Il appelle à la mise en place de procédures accélérées pour statuer sur les recours liés à l’utilisation illégale de l’argent.
Face à la non-exécution de certaines décisions judiciaires, le Centre recommande le renforcement des sanctions contre les crimes électoraux, l’interdiction de candidature pour les personnes condamnées, ainsi que la création d’un mécanisme de suivi des jugements.
Vote électronique et accessibilité
Concernant le processus de vote, le rapport plaide pour une introduction progressive du vote électronique afin de faciliter la participation, notamment des électeurs éloignés ou en déplacement. Il propose également des aménagements spécifiques dans les bureaux de vote pour les personnes en situation de handicap, dans un souci de respect de la dignité de tous les électeurs.
Vers une instance électorale indépendante
Enfin, tout en reconnaissant le rôle central du ministère de l’Intérieur, le Centre recommande de limiter son intervention directe dans les opérations sensibles, au profit de la création d’une instance nationale indépendante chargée de superviser les élections, organiser les débats, contrôler les financements numériques et traiter les plaintes.
Ce rapport s’inscrit dans une volonté claire de renforcer la transparence, la responsabilité et la confiance des citoyens dans les institutions électorales du Royaume.





