Une affaire aux ramifications inquiétantes secoue le secteur de la pêche maritime au Maroc. Des opérations de maintenance de navires de pêche à l’étranger seraient utilisées comme couverture pour des transferts illégaux de devises vers l’Europe et pour l’importation clandestine de matériel de pêche interdit, notamment dans les régions sud du Royaume.
Selon le quotidien Assabah, l’affaire a éclaté à la suite d’un différend entre actionnaires d’une société propriétaire d’un navire de pêche, qui ont constaté la fréquence anormale des déplacements du bateau vers l’Espagne sous prétexte de réparations. Ces opérations ont généré des dépenses importantes en devises, dépassant largement les recettes issues de la pêche.
L’enquête a révélé que des parts dans le navire avaient été transférées de manière opaque à une seule personne. Saisis par la justice, les plaignants ont découvert que les soi-disant réparations servaient en réalité à blanchir de l’argent à travers des factures gonflées, émises par une entreprise étrangère complice. Une partie des fonds servait à régler la société de maintenance, tandis que le reste était déposé dans des banques en Espagne et dans d’autres pays européens.
Les auteurs de ces pratiques ont exploité l’absence d’infrastructures spécialisées pour l’entretien de ce type de navires au Maroc, justifiant ainsi leur recours à des chantiers étrangers, et facilitant la manipulation des factures, parfois même pour des réparations fictives.
Plus grave encore, une autre plainte a mis en lumière l’utilisation des trajets vers l’Espagne pour introduire illégalement au Maroc du matériel de pêche interdit, notamment des types de filets proscrits. Ces équipements sont revendus clandestinement à des pêcheurs artisanaux, à des propriétaires de petits bateaux et à des acteurs de la pêche non réglementée.
