Dans les semaines ayant suivi la guerre de douze jours entre l’Iran et Israël, les autorités iraniennes ont renforcé leur politique de renvois massifs de migrants afghans en situation irrégulière. Plus de 256 000 expulsions ont été recensées depuis le début du mois de juin 2025, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dont 28 000 en une seule journée, le 25 juin.
Ce nouveau pic dans les expulsions soulève de vives inquiétudes parmi les ONG et les agences onusiennes. Contrairement aux vagues précédentes, principalement composées d’hommes seuls, des femmes et des familles entières sont désormais reconduites de force à la frontière afghane, souvent vers un pays qu’elles ne connaissent pas.
Selon le centre de recherche Samuel Hall, cette intensification des renvois coïncide avec la fin du conflit avec Israël. Des accusations d’espionnage ont été publiquement portées contre plusieurs Afghans. L’arrestation d’un étudiant, accusé de posséder sur son téléphone des informations sensibles, a été suivie de prétendus aveux d’autres ressortissants afghans. Des méthodes dénoncées par des ONG comme Amnesty International, qui évoquent des aveux forcés sous la torture.
Des femmes privées d’avenir
L’ONU exprime sa préoccupation face à ce changement de politique. À la frontière d’Islam Qala, des dizaines de familles expulsées affirment avoir été arrêtées lors de descentes de police.
Dans leur pays d’origine, désormais contrôlé par les Talibans, les jeunes filles ne peuvent plus aller à l’école au-delà de 12 ans.
Une pression migratoire politisée
Les autorités iraniennes affirment que plus de 6 millions d’Afghans vivent en Iran, dont 3,8 millions selon le HCR. Près de 1,2 million d’expulsions ont été recensées entre mars 2024 et mars 2025. Téhéran justifie cette politique par la pression économique, avec une inflation dépassant les 30 % et un système social saturé.
Mais pour de nombreux analystes, cette politique sert aussi à détourner l’attention des difficultés internes. “Les Afghans deviennent des boucs émissaires”, explique Simin Kazemi, sociologue iranienne. Le discours anti-migrant est relayé sur les réseaux sociaux et dans les médias d’État, alimentant la xénophobie.
Les employeurs locaux privilégient souvent les travailleurs afghans, moins coûteux car non couverts par le droit du travail. Une réalité qui alimente les tensions dans un contexte de forte précarité.
À l’approche du 6 juillet, date limite imposée par Téhéran aux migrants afghans pour quitter le pays, les observateurs craignent une nouvelle vague massive d’expulsions, avec des conséquences humanitaires graves pour les personnes concernées.