Les Observateurs ont retracé le chemin d’armes européennes arrivées illégalement entre les mains de milices au Soudan. Le premier épisode de cette enquête commence dans le désert, avec une série de vidéos publiées en novembre dernier par des combattants soudanais.
Le 21 novembre, des images partagées sur les réseaux sociaux montrent des membres de la Force conjointe, un groupe armé allié à l’armée soudanaise, inspectant des documents d’identité, des photos personnelles et des objets religieux trouvés après l’interception d’un convoi. Ces combattants, actifs dans la région du Darfour, affirment avoir saisi des armes destinées aux Forces de soutien rapide (FSR), une milice rivale.
Parmi les papiers, deux passeports colombiens attirent l’attention. Les combattants les montrent à la caméra, pensant avoir affaire à des mercenaires. Aucun corps ni prisonnier n’apparaît sur les vidéos.
Des caisses en bois contenant des obus de mortier de 81 mm sont également visibles. Les munitions portent une étiquette explosive et une inscription en anglais. Un combattant accuse alors les Émirats arabes unis d’avoir envoyé ces armes aux FSR, qu’il surnomme les “Janjawids”.
Quelques heures plus tard, le Mouvement de libération du Soudan (MLS), membre de la Force conjointe, publie un message expliquant qu’une tentative de contrebande d’armes a été déjouée à la frontière entre le Soudan, la Libye et le Tchad. Le mouvement affirme aussi que les deux Colombiens transportaient de la monnaie des Émirats, mais ne précise pas ce qu’il est advenu d’eux.
Grâce à ces vidéos, la rédaction des Observateurs de la chaîne de télévision française France 24, a remonté la piste de ces armes : elles proviennent de Bulgarie, pays membre de l’Union européenne, où leur exportation vers le Soudan est pourtant interdite.