Selon une analyse publiée par le magazine Blitz, la fin de la rivalité entre le Maroc et l’Algérie ne renforcerait pas Alger, mais mettrait en lumière les faiblesses profondes d’un régime dont la légitimité repose depuis des décennies sur la confrontation avec le Maroc.
L’article, signé par l’analyste Damsana Ranadhiran, souligne que cette rivalité a longtemps paralysé le Maghreb sur le plan politique et freiné son développement économique. La perspective d’une paix, soutenue par Washington et l’adhésion croissante à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara, ne garantirait pas la stabilité pour Alger, mais exposerait au contraire la fragilité et l’illégitimité du régime en place.
Pour Blitz, le soutien américain au plan d’autonomie dépasse la simple diplomatie : il constitue « l’ossature de l’architecture régionale américaine à long terme » et confirme le rôle du Maroc comme partenaire stratégique en Afrique du Nord, notamment dans la sécurité maritime, l’énergie et la lutte contre le terrorisme au Sahel.
Un isolement croissant pour Alger
L’analyse note un changement progressif dans la diplomatie internationale. Des pays comme l’Espagne, le Royaume-Uni et plusieurs pays africains ont salué le plan marocain comme la voie « la plus réaliste et durable ». La « bataille diplomatique » de l’Algérie sur le Sahara est ainsi jugée perdue, affaiblissant le principal pilier idéologique du régime.
En maintenant ses frontières fermées et sa militarisation, Alger aurait privé le Maghreb d’un potentiel économique important. Selon le FMI, une intégration régionale pourrait générer 1 point de croissance supplémentaire par an, tandis que la Banque mondiale évoque une hausse possible de 27 % du PIB par habitant grâce à une zone de libre-échange avec l’Union européenne.
Des enjeux internes majeurs
Ranadhiran rappelle que le discours de la menace extérieure a longtemps servi à consolider le pouvoir militaire. Avec un budget de défense annuel de près de 18 milliards de dollars – le plus élevé d’Afrique – l’Algérie ne connaît pas de progrès économiques ou sociaux significatifs. Le chômage des jeunes atteint 26 % et la majorité de la population a moins de 30 ans, ce qui alimente une profonde désillusion et incite de nombreux jeunes à envisager l’exil.
Selon Blitz, dans une ère de paix, « les Algériens découvriront qu’ils ont été trompés » : la menace marocaine n’a jamais existé, elle masquait corruption et stagnation. La fin de ce prétexte pourrait accentuer les tensions internes et remettre en cause le système actuel.
Pour le Maroc, cette reconfiguration consoliderait sa position de partenaire fiable de Washington et de l’Europe, tout en ouvrant la voie à une intégration maghrébine et à une prospérité partagée dans la région.
