Deux semaines après sa nomination à Matignon, Sébastien Lecornu entre dans le vif du sujet. Après une importante mobilisation sociale, le Premier ministre doit désormais se concentrer sur deux dossiers urgents : former un nouveau gouvernement et construire une majorité parlementaire capable de faire adopter le budget 2026. Une tâche délicate, qu’il aborde sans précipitation.
Un gouvernement toujours en attente
Malgré l’impatience, la composition du nouveau gouvernement ne devrait pas être connue avant la fin septembre ou début octobre, selon plusieurs sources proches de l’exécutif.
Un conseiller de l’Élysée estime qu’il est peu probable que l’annonce ait lieu avant le départ d’Emmanuel Macron pour l’Assemblée générale de l’ONU à New York lundi. Le remaniement interviendrait donc au retour du président, prévu jeudi 26 septembre.
En attendant, les ministres du gouvernement sortant continuent d’assurer la gestion des affaires courantes.
Majorité introuvable : l’équation politique de Lecornu
Au-delà des noms, la priorité du Premier ministre est de sécuriser une majorité à l’Assemblée nationale. L’objectif est d’éviter une motion de censure lors du prochain vote du budget.
Le Parti socialiste (PS) est vu comme le seul partenaire possible pour soutenir le gouvernement sans y participer. « L’idéal serait de conclure un accord avec les socialistes avant l’annonce du gouvernement. Mais même sans accord, il faudra avancer », confie un cadre de la majorité.
Qui reste ? Qui pourrait partir ?
Parmi les ministres pressentis pour rester :
- Gérard Darmanin (Justice)
- Bruno Retailleau (Intérieur)
- Catherine Vautrin, pressentie pour prendre la Défense, jusque-là dirigée par Lecornu lui-même
Autres possibilités :
- Jean-Louis Thiériot (LR), ancien ministre des Anciens combattants, également cité pour les Armées
- Manuel Valls, en charge de la Nouvelle-Calédonie, pourrait rester aux Outre-mer
Des postes plus incertains :
- Élisabeth Borne (Éducation nationale), évoquée pour un départ vers la Cour des comptes
- Rachida Dati (Culture), fragilisée par sa campagne municipale et une affaire judiciaire
- Éric Lombard (Économie), affaibli par le plan d’austérité impopulaire
Des noms circulent pour les remplacer, notamment :
- Amélie de Montchalin (Comptes publics)
- Roland Lescure, ex-ministre de l’Industrie et vice-président de l’Assemblée
Dialogue tendu avec les socialistes
Les discussions avec le PS s’annoncent difficiles. Si les socialistes excluent d’entrer au gouvernement, ils pourraient accepter un pacte de non-censure, à condition d’obtenir des garanties fortes.
Leurs exigences :
- Réduire l’effort budgétaire à 22 milliards d’euros, contre 44 milliards initialement annoncés
- Abandonner le recours à l’article 49.3, qui permet de faire passer un texte sans vote
- Suspendre la réforme des retraites de 2023
- Introduire la taxe Zucman : 2 % sur les patrimoines de plus de 100 millions d’euros
Sébastien Lecornu s’est dit prêt à discuter de justice fiscale, tout en avertissant :« Il faut faire attention au patrimoine professionnel, car c’est ce qui permet de créer de l’emploi et de la croissance. »
Les prochaines étapes clés
- Annonce du gouvernement attendue entre le 26 et le 27 septembre, après le retour de Macron
- Élection du Bureau de l’Assemblée nationale le 2 octobre, ce qui pourrait repousser encore les annonces si des députés deviennent ministres