Ce samedi à Londres, l’activiste Tommy Robinson organise une grande marche pour la « liberté d’expression ». Derrière ce slogan, c’est surtout une nouvelle démonstration de force de l’extrême droite britannique qui se prépare.
Casquette rouge “Make England Great Again” vissée sur la tête, inspirée de Donald Trump, Robinson – de son vrai nom Stephen Yaxley-Lennon – espère rassembler des milliers de partisans. Figure controversée depuis plus de quinze ans, il s’est bâti une notoriété en diffusant un discours hostile à l’immigration et à l’islam, qu’il présente comme une menace pour l’identité britannique.
Selon Laëtitia Langlois, maître de conférences en civilisation britannique à l’université d’Angers :« Il se positionne comme un défenseur du peuple face à un gouvernement corrompu. Mais son discours repose sur l’idée d’une invasion musulmane fictive. »
Un parcours marqué par la violence et les condamnations
Né en 1982 à Luton, au nord de Londres, Robinson a commencé sa carrière dans l’univers des hooligans. Il fonde en 2009 l’English Defence League (EDL), un groupe d’extrême droite connu pour ses manifestations souvent violentes et dirigées contre la communauté musulmane.
Son casier judiciaire est long : agressions, harcèlement, fraude, incitation à la haine. Il a été condamné à plusieurs reprises, notamment en 2018 pour avoir filmé illégalement l’entrée d’un tribunal, et en 2024 pour diffamation envers un réfugié syrien.
Malgré cela, ou peut-être à cause de cela, il bénéficie d’un fort soutien chez une partie de la population. Ses condamnations sont souvent perçues par ses partisans comme des preuves d’un système qui chercherait à le faire taire.
De militant marginal à “martyr” des réseaux sociaux
Tommy Robinson s’est peu à peu éloigné des partis traditionnels pour adopter une posture de « journaliste citoyen » et de défenseur des “oubliés du peuple”. Il utilise massivement les réseaux sociaux, où il relaye des faits divers qu’il présente comme des preuves de la “menace migratoire”.
Cet été encore, il a mis en cause un centre d’hébergement de demandeurs d’asile à Epping, après un incident impliquant un adolescent. Les autorités craignent aujourd’hui que sa marche serve de prétexte à de nouvelles tensions, notamment envers les réfugiés.
Une figure de l’ultra-droite britannique
Bien qu’il ait échoué en politique (il s’était présenté sans succès aux élections européennes en 2019), Robinson reste une figure de proue de l’extrême droite. Son discours séduit une frange de la population désabusée, qui voit en lui un porte-voix direct et provocateur.
« Il est un exutoire pour des personnes en colère contre la précarité et le sentiment d’abandon », analyse Laëtitia Langlois.
« Et tant qu’il nourrira ce rôle de martyr anti-système, il gardera une influence,