Alors que la guerre à Gaza se prolonge et que les appels à une solution politique se multiplient, la France annonce son intention de reconnaître officiellement l’État palestinien en septembre prochain, à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations unies. Un tournant diplomatique majeur qui marque un changement clair par rapport à la position affichée après les attaques du 7 octobre 2023.
Un changement de cap diplomatique
Au lendemain des attaques du Hamas, Emmanuel Macron avait exprimé un soutien « inconditionnel » à Israël et proposé une coalition internationale pour combattre le mouvement islamiste. En novembre 2024, la France avait aussi refusé d’appliquer le mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, accusé de crimes de guerre à Gaza.
Mais depuis avril 2025, un changement de ton est perceptible. De retour d’une visite en Égypte, le président français annonçait que la France reconnaîtrait « dans les prochains mois » l’État de Palestine. Cette reconnaissance devait, à l’origine, être conditionnée à plusieurs éléments, dont la démilitarisation du Hamas, la libération des otages et une réforme de l’Autorité palestinienne.
Des conditions désormais reléguées au second plan
Aujourd’hui, ces conditions ne sont pas toutes remplies. Le Hamas, bien qu’affaibli, contrôle encore Gaza et détient des otages. Pourtant, Emmanuel Macron ne fait plus de la démilitarisation du Hamas une condition préalable à la reconnaissance.
Pour les analystes, cette évolution reflète une prise de conscience des limites de la position française. « La France s’était piégée elle-même en posant des conditions qu’elle ne maîtrisait pas », estime Jean-Paul Chagnollaud, expert du Proche-Orient.
La pression du « Sud global » et de l’opinion publique
La France doit également composer avec une critique de plus en plus forte au sein des Nations unies, portée par les pays du « Sud global ». Ceux-ci dénoncent un double standard occidental : des sanctions fermes contre la Russie pour la guerre en Ukraine, mais peu de réactions face aux bombardements israéliens sur Gaza.
Des images récentes d’enfants palestiniens souffrant de famine ont profondément choqué l’opinion internationale. Pour de nombreux observateurs, c’est ce drame humanitaire qui a poussé Paris à agir. Même Donald Trump, soutien d’Israël, a admis fin juillet qu’il y avait des signes de « réelle famine » à Gaza.
Une initiative politique face à une impasse
Selon plusieurs analystes, la France cherche aussi à combler un vide diplomatique. Alors que ni Israël, ni le Hamas, ni les États-Unis ne semblent vouloir mettre fin au conflit, Paris veut proposer une « nouvelle voie », en misant sur le droit international.
Dès septembre, la France deviendra ainsi le premier pays du G7 à reconnaître officiellement un État palestinien. Elle espère entraîner d’autres pays dans cette dynamique, à l’image de la Norvège, de l’Espagne et de l’Irlande, qui ont déjà franchi le pas.
Un message clair pour une paix durable
Pour Jean-Paul Chagnollaud, cette décision française est symboliquement forte : « Elle montre que la seule voie vers une paix juste et durable passe par le respect du droit international, et non par la force. »
Avec cette reconnaissance, la France espère rouvrir la voie au dialogue, renforcer la légitimité d’un État palestinien et jouer un rôle de médiateur dans un conflit qui semble aujourd’hui sans issue.