Pour la troisième année consécutive, le Maroc a présidé à Berlin la célébration officielle de la Journée de l’Afrique, organisée sous le thème : « Les investissements allemands en Afrique : défis et perspectives ». L’événement, symbole du partenariat croissant entre l’Afrique et l’Allemagne, a été marqué par une participation diplomatique, politique et économique de haut niveau.
L’ambassadrice du Maroc en Allemagne, Mme Zohour Alaoui, a dirigé les travaux du Comité des ambassadeurs africains à Berlin, organisateur de cette célébration. L’événement a été mené en collaboration avec la Banque allemande de développement (KfW) et l’Initiative pour l’Afrique subsaharienne de l’économie allemande (SAFRI).
Un message de partenariat stratégique
Prenant la parole au nom du Groupe des Ambassadeurs africains, Mme Alaoui a souligné que cette journée intervient dans un contexte mondial en mutation, appelant à repenser les liens économiques sur la base d’un partenariat d’égal à égal. Elle a plaidé pour une augmentation significative des échanges commerciaux entre l’Afrique et l’Allemagne, actuellement jugés modestes, malgré l’intérêt manifesté par Berlin à travers diverses stratégies.
La diplomate a salué la volonté affichée par le nouveau gouvernement allemand de renforcer sa politique africaine, la qualifiant d’« opportunité rare » pour harmoniser les intérêts des deux parties dans un momentum stratégique inédit.
L’Afrique, partenaire stratégique
De son côté, la ministre allemande de la Coopération économique et du Développement, Mme Reem Alabali-Radovan, a affirmé que les pays africains sont désormais des partenaires clés pour l’Allemagne, dans un monde où la solidarité et la coopération internationale sont essentielles pour faire face aux défis globaux.
Elle a rappelé que le contrat de coalition du gouvernement allemand prévoit une politique africaine ambitieuse, orientée vers des partenariats économiques dans les secteurs stratégiques, notamment l’énergie. L’accent est mis sur un alignement des actions de son ministère avec les objectifs de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, pour faire des fonds publics un levier d’investissement privé en Afrique.
Le secrétaire d’État parlementaire aux Affaires économiques, M. Stefan Rouenhoff, a renchéri, déclarant que l’Afrique constitue un intérêt stratégique partagé et appelant à créer des situations gagnant-gagnant à travers une coopération économique renforcée. Il a notamment insisté sur l’importance de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et de la jeunesse africaine comme leviers de croissance.
Vers un nouveau narratif sur l’Afrique
Un panel de discussion de haut niveau a ponctué la célébration, animé par Mme Sabine Odhiambo de la Fondation allemande pour l’Afrique. Les échanges ont porté sur les obstacles à l’investissement, les lacunes en matière de communication et les instruments à mobiliser pour renforcer la présence allemande sur le continent.
Le journaliste guinéen Mohamed Salif Keita a appelé à « changer le narratif » sur l’Afrique, à combattre les préjugés et à valoriser un continent riche en ressources humaines et naturelles, notamment à travers l’éducation et la formation professionnelle des jeunes.
Une dynamique à poursuivre
Des experts universitaires et représentants d’entreprises comme Dr. Rainer Thiele (Kiel Institute), Dr. Philipp von Carlowitz (ESB Business School) et Florian Pickert (K+S Group) ont plaidé pour un renforcement des partenariats public-privé et une meilleure adaptation des stratégies commerciales au contexte africain. Le maire de Heubach, Dr. Joy Alemazung, a quant à lui appelé à abandonner l’approche d’aide traditionnelle pour favoriser une logique de co-investissement durable.