À l’heure où la transition numérique transforme les systèmes financiers mondiaux, le Maroc s’apprête à franchir un cap décisif avec le projet du dirham numérique, porté par Bank Al-Maghrib (BAM).
Cette initiative pourrait bouleverser les habitudes financières des Marocains, en facilitant les paiements, les transferts ou encore la réception des salaires. Toutefois, malgré les avantages prometteurs, la banque centrale étudie avec prudence les risques avant toute mise en œuvre.
Un outil numérique aux implications multiples
Contrairement aux paiements électroniques classiques, le dirham numérique est bien plus qu’une version digitale de la monnaie papier. Il s’agit d’un système monétaire entièrement intégré, nécessitant une infrastructure technologique avancée, ce qui place la cybersécurité et la protection des données au cœur des préoccupations.
Selon Leila El Kafifi, directrice de la stratégie, de la transformation et de l’innovation à Bank Al-Maghrib, l’utilisation des nouvelles technologies permettrait de tracer chaque transaction, soulevant des questions importantes sur la vie privée des utilisateurs.
Des risques à ne pas négliger
Le risque cybernétique est considéré comme le plus préoccupant : une faille dans le système du dirham numérique pourrait avoir des conséquences majeures, à l’échelle nationale et même internationale.
Un autre enjeu est d’ordre économique : si le dirham numérique attire fortement les usagers, ces derniers pourraient retirer massivement leurs fonds des banques commerciales pour les placer dans des portefeuilles numériques gérés par BAM. Une telle dynamique pourrait fragiliser les banques traditionnelles et menacer la stabilité financière.
Un potentiel d’inclusion financière
Malgré ces défis, les avantages sont notables, notamment pour les citoyens éloignés du système bancaire classique. Le dirham numérique pourrait devenir un moyen de paiement rapide, sécurisé et potentiellement peu coûteux, accessible via smartphone, avec la possibilité de fonctionner hors connexion, une aubaine pour les zones rurales.
Il pourrait aussi améliorer la distribution des aides sociales, en les transférant directement aux bénéficiaires, sans intermédiaires.
Un outil selon les besoins des pays
Dans les pays développés, les monnaies numériques visent à renforcer la confiance envers les banques centrales et à réduire l’usage de l’argent liquide. En revanche, dans les économies émergentes, elles peuvent aider à préserver la souveraineté monétaire face aux cryptomonnaies, tout en favorisant l’inclusion financière.
Pour le Maroc, le dirham numérique s’inscrit dans cette logique : offrir un service financier innovant, sûr et accessible à tous, tout en préservant l’équilibre du système économique.
