La mer est désormais au cœur de la stratégie nationale du Maroc. C’est ce qu’a affirmé, le mardi 26 août à Rabat, le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, lors de l’ouverture d’un séminaire international sur la délimitation des espaces maritimes, organisé en partenariat avec l’Institut de Droit International (IDI).
Dans un message lu en son nom, M. Bourita a souligné que la Vision Royale place la mer comme un levier de prospérité nationale, de coopération continentale et de défense de la souveraineté. Cette approche, portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, dépasse la seule logique territoriale pour envisager la mer comme un espace de connexion, de croissance économique et d’unité africaine.
Une ambition maritime affirmée
Sur le plan national, cette vision se traduit par le développement de l’économie bleue, l’expansion des infrastructures portuaires comme Tanger Med – aujourd’hui parmi les plus grands ports d’Afrique – et le lancement prochain du port de Dakhla Atlantique, appelé à devenir un véritable hub régional. Le Maroc appelle aussi à reconstruire une flotte nationale marchande compétitive, pour renforcer les liens avec l’Afrique et le reste du monde.
Trois grandes initiatives royales
À l’échelle internationale, M. Bourita a mis en avant trois initiatives majeures :
- Le Processus de Rabat (lancé en 2022), réunissant 23 pays africains atlantiques autour de la sécurité maritime, de la protection de l’environnement et du développement durable.
- L’Initiative Royale pour l’accès des pays du Sahel à l’Atlantique (lancée en 2023), qui vise à désenclaver ces pays en leur donnant accès aux ports marocains.
- Le projet de gazoduc Atlantique-Africain (lancé en 2016 avec le Nigéria), destiné à connecter 13 pays et à stimuler le développement industriel et l’intégration régionale.
Une vision africaine et océanique
Le ministre a rappelé que « l’Afrique ne peut avoir une lecture uniquement terrestre de son avenir », selon les mots du Roi Mohammed VI, cités lors de la Conférence des Nations Unies sur les Océans à Nice, en juin dernier. L’avenir du continent passe aussi par la mer, ses ressources, sa gouvernance et sa protection.
Vers une gouvernance maritime moderne
M. Bourita a appelé à une réforme de la gouvernance océanique mondiale, afin de tenir compte des avancées technologiques (comme la robotique sous-marine), des défis environnementaux (pollution, biodiversité, acidification) et des nouveaux usages de la mer.
Il a aussi insisté sur l’importance de l’entrée en vigueur rapide de l’Accord BBNJ (sur la biodiversité au-delà des juridictions nationales), qu’il qualifie d’outil stratégique et éthique, notamment pour les économies africaines dépendantes de la santé des océans.
Le séminaire a réuni plusieurs experts internationaux, dont Mohamed Bennouna, président de l’IDI, et Yuji Iwasawa, président de la Cour internationale de justice, autour de réflexions sur le droit de la mer et les pratiques de délimitation maritime.





