À l’heure où le monde s’oriente rapidement vers les énergies propres, les discussions autour du solaire ou des voitures électriques ne peuvent plus ignorer le rôle central des minéraux critiques.
Lithium, cobalt, cuivre et manganèse sont désormais au cœur de l’économie verte. Ils alimentent les batteries des véhicules électriques, les turbines éoliennes et les panneaux solaires, éléments clés de la transition énergétique.
D’après l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale en lithium pourrait être multipliée par cinq d’ici 2040. Celle du cobalt devrait doubler, tandis que la demande de cuivre pourrait grimper de 30 %.
Dans ce contexte, les projecteurs se tournent vers l’Afrique subsaharienne, qui détient environ 30 % des réserves mondiales de ces ressources stratégiques. Un potentiel immense, mais encore peu exploité.
Une richesse sous pression
Malgré leur importance géopolitique croissante, ces ressources africaines restent confrontées à de nombreux défis : manque d’infrastructures, faibles investissements, instabilité réglementaire, et une gouvernance souvent inadaptée. Ce paradoxe est parfois qualifié de « malédiction des ressources » : une richesse naturelle abondante, mais peu bénéfique pour les populations locales.
Selon un rapport de McKinsey, plus de 9 milliards de dollars de projets liés aux métaux rares sont en cours en Afrique. Pourtant, moins de 10 % de ces projets ont obtenu un financement, et seuls 25 % sont considérés comme viables à court ou moyen terme.
Une stratégie régionale est essentielle
Pour surmonter ces obstacles, les pays africains doivent adopter une approche régionale coordonnée, structurée autour de trois axes principaux :
- Harmoniser les lois et normes : Mettre en place des règles communes en matière d’environnement, de gouvernance et de transparence afin de rassurer les investisseurs.
- Développer des infrastructures régionales : Réseaux ferroviaires, ports, et interconnexions énergétiques pour réduire les coûts logistiques et améliorer l’accès aux marchés mondiaux.
- Créer un marché commun africain : Lever les barrières commerciales pour faciliter la libre circulation des biens, services et capitaux entre les pays.
Une telle coopération permettrait à l’Afrique de ne plus se limiter au rôle de fournisseur de matières premières, mais de devenir un acteur industriel à part entière, créateur d’emplois et de valeur ajoutée locale.
La clé : une gestion responsable
À l’échelle mondiale, des initiatives telles que SMET (Securing Minerals for the Energy Transition), lancée par le Forum économique mondial et McKinsey, visent à mobiliser États, entreprises et investisseurs pour une exploitation minière responsable et durable.
Cependant, le véritable défi réside dans l’application sur le terrain : éviter que cette opportunité historique ne se transforme en une nouvelle forme de pillage des ressources, comme ce fut le cas dans le passé.
Cela nécessite des engagements fermes en matière de transparence, de protection de l’environnement, et de bénéfices tangibles pour les populations locales.
Un tournant pour le continent
L’Afrique se trouve aujourd’hui à un carrefour décisif. Elle peut transformer ses ressources minières en levier de développement durable et devenir un acteur central de la transition énergétique mondiale, ou bien voir cette promesse s’envoler, une fois de plus, sans réel impact pour ses peuples.
L’avenir de l’énergie propre dans le monde repose en partie sur les minéraux africains, mais la prospérité des Africains dépendra de la manière dont ils sauront gérer, transformer et valoriser ces trésors cachés.