Les prix des denrées alimentaires connaissent une flambée soudaine à l’échelle mondiale, alimentée par des phénomènes climatiques extrêmes de plus en plus fréquents. Sécheresses, vagues de chaleur et pluies diluviennes perturbent les récoltes, fragilisant la sécurité alimentaire dans de nombreuses régions du globe.
À titre d’exemple, au Vietnam, le prix du café robusta a doublé entre janvier et juillet 2024, après une vague de chaleur exceptionnelle survenue en février. Ce cas illustre une nouvelle tendance : les prix agricoles réagissent désormais aux événements climatiques sur le court terme, alors qu’ils étaient auparavant plus sensibles aux évolutions de long terme.
Selon une étude du Barcelona Supercomputing Center, les conditions météo extrêmes sont à l’origine de hausses spectaculaires des prix entre 2022 et 2024. La pomme de terre au Royaume-Uni, l’oignon en Inde, le café au Brésil ou encore l’huile d’olive en Europe ont tous été impactés.
Des exemples concrets :
Produit | Pays concerné | Variation des prix | Cause climatique |
---|---|---|---|
Café robusta | Vietnam | +100% (jan-juil 2024) | Vague de chaleur en février |
Chou | Corée du Sud | +70% (sept. 2024) | Vague de chaleur en août |
Pommes de terre | Royaume-Uni | +22% (févr. 2024) | Précipitations excessives fin 2023 |
Huile d’olive | Europe (Italie, Espagne) | +50% (janv. 2024) | Sécheresses répétées (2022-2023) |
Fruits & légumes | Mexique | Forte hausse (janv. 2024) | Sécheresse exceptionnelle |
Riz | Japon | +48% (sept. 2024) | Été très chaud |
Cacao | Afrique de l’Ouest | +280% (avril 2024) | Canicule en Côte d’Ivoire et au Ghana |
Oignons | Inde | +89% (mai 2024) | Vague de chaleur |
Une crise globale à plusieurs dimensions
Le changement climatique ne menace pas seulement les cultures, il alourdit également les budgets alimentaires, notamment dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. La hausse des prix pousse les consommateurs vers des produits de moindre qualité nutritionnelle, accentuant les problèmes de malnutrition et les maladies chroniques.
Selon Maximilian Kotz, coauteur de l’étude, ces perturbations risquent de s’amplifier si les émissions de gaz à effet de serre ne sont pas rapidement réduites. Le non-respect des objectifs climatiques pourrait rendre les marchés agricoles encore plus volatils et imprévisibles.
Des impacts économiques et politiques
Outre ses effets sociaux, l’inflation alimentaire complexifie les politiques monétaires. Dans les économies émergentes, où les produits alimentaires pèsent lourd dans les paniers de consommation, les banques centrales se retrouvent face à des choix difficiles entre lutte contre l’inflation et soutien à la croissance.
L’étude tire ainsi la sonnette d’alarme : si le système alimentaire mondial ne s’adapte pas rapidement aux dérèglements climatiques, la volatilité des prix deviendra la norme, menaçant la stabilité sociale et économique à long terme.