Le Conseil des Services Financiers Islamiques (IFSB) a tenu son 23ᵉ Forum sur la stabilité financière islamique à Rabat, sous le thème : « Surmonter les difficultés : remédier aux vulnérabilités structurelles et renforcer la résilience face aux chocs futurs ». L’événement s’est déroulé en marge des Assemblées annuelles de l’IFSB, réunissant responsables de banques centrales, experts du secteur et institutions internationales.
Dans son allocution d’ouverture, le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, a mis en avant le travail accompli pour développer la finance participative au Maroc. Celle-ci représente désormais 2 % des actifs bancaires. Il a rappelé les efforts réglementaires entrepris depuis 2015, avec le soutien du Conseil supérieur des oulémas, pour bâtir un cadre adapté aux spécificités du pays.
M. Jouahri, également président du Conseil de l’IFSB pour 2025, a souligné l’importance de l’approche fondée sur les principes, permettant aux régulateurs de tenir compte des réalités nationales. Il a notamment salué la mise en place d’un système centralisé de fatwas garantissant la conformité des produits à la charia, renforçant ainsi la confiance du public.
De son côté, le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, a rappelé que le Maroc a adopté la finance islamique sous l’appellation de finance participative, afin d’éviter toute opposition implicite entre modèles économiques. Il a également précisé que le Comité scientifique du Conseil supérieur des oulémas a rendu 194 avis de conformité après plus de 400 réunions, apportant un appui théologique et technique au développement du secteur.
Le Secrétaire général de l’IFSB, Dr Ghiath Shabsigh, a présenté les conclusions du rapport 2025 sur la stabilité de la finance islamique, soulignant la nécessité de combler les faiblesses structurelles, notamment dans les secteurs non bancaires. Il a appelé à développer les marchés de sukūk, à renforcer les infrastructures financières et à poursuivre les réformes réglementaires.
Les travaux du forum ont débouché sur un large consensus autour de réformes ciblées pour renforcer la stabilité à long terme du secteur. Les priorités incluent :
- Le développement de marchés locaux de sukūk liquides et profonds,
- L’élargissement de la base d’investisseurs,
- La correction des lacunes juridiques et réglementaires,
- Le soutien à la croissance des fonds et assurances islamiques.
Les panélistes ont aussi insisté sur la nécessité d’approches de surveillance plus anticipatives et sur une meilleure coordination transfrontalière, face à l’expansion rapide du secteur.
Par ailleurs, le Conseil de l’IFSB a adopté deux nouveaux textes :
- La norme IFSB-31 sur la gouvernance conforme à la charia,
- La Note d’orientation-10 sur la résolution des entreprises de takāful.
Enfin, l’IFSB a annoncé deux nouvelles adhésions : la Banque d’Algérie en tant que membre à part entière et Takaful Ikhlas General Berhad (Malaisie) en tant que membre observateur, portant à 182 le nombre de membres issus de 60 juridictions.
La présidence 2026 du Conseil de l’IFSB sera assurée par Khalid Ebrahim Humaidan, gouverneur de la Banque centrale de Bahreïn, avec Olayemi Michael Cardoso, gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, en tant que vice-président.