L’ONU organise à Séville, en Espagne, une conférence majeure sur le financement du développement, réunissant à partir de lundi une cinquantaine de chefs d’État, des experts et 4 000 représentants de la société civile. Cette rencontre, appelée « FfD4 » (Fourth Financing for Development Conference), vise à trouver des solutions pour aider les pays du Sud, confrontés à un déficit annuel estimé à 4 000 milliards de dollars, selon les Nations unies.
Parmi les participants figurent des dirigeants comme le président français Emmanuel Macron, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye ou encore le Colombien Gustavo Petro. Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a, quant à lui, annulé sa venue pour des raisons internes. Notons l’absence des États-Unis, qui ont décidé de ne pas participer en raison d’un désaccord sur le texte proposé, qu’ils jugent empiéter sur leur souveraineté.
Cette conférence intervient dans un contexte difficile, marqué par une baisse significative de l’aide internationale, notamment après la réduction drastique des financements américains sous l’administration Trump. En 2024, les États-Unis, auparavant premier contributeur, ont réduit leur aide publique à 63 milliards de dollars, tandis que d’autres pays comme la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne ont également diminué leurs contributions.
L’ONG Oxfam dénonce ces coupes historiques dans l’aide au développement, soulignant que les pays du Sud risquent de s’éloigner tragiquement de leurs objectifs. En effet, l’endettement public dans ces pays a fortement augmenté, et plus de 3 milliards d’habitants vivent dans des États qui dépensent plus pour rembourser leur dette que pour la santé ou l’éducation.
Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, a insisté sur la nécessité de « regarder la vérité en face » et de ne pas laisser s’envoler les ambitions malgré un contexte mondial marqué par de multiples crises et conflits.
Au terme de la conférence, un « engagement de Séville » sera adopté, proposant une réforme de l’architecture financière internationale, une meilleure coopération contre l’évasion fiscale et une plus grande place accordée aux pays du Sud dans les institutions mondiales. Ce document de 38 pages servira de guide pour les dix prochaines années, sans pour autant être juridiquement contraignant.
Cette décision suscite des critiques, notamment de la part des ONG, qui estiment que les pays riches manquent de solidarité et freinent les réformes nécessaires. Mariana Paoli, responsable du plaidoyer chez Christian Aid, déplore « un déni plutôt qu’un leadership » de la part du Nord global.