La création cinématographique est le résultat d’un travail profondément collectif où chacun contribue à l’authenticité d’un film, a affirmé lundi à Marrakech l’actrice et réalisatrice libanaise Nadine Labaki.
Invitée du programme “Conversations” lors de la 22e édition du Festival International du Film de Marrakech, organisée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Nadine Labaki a souligné que chaque membre d’un tournage, quel que soit son rôle, participe à révéler la vérité des personnages et l’essence émotionnelle d’un film.
Pour atteindre cette sincérité, elle recourt souvent à des acteurs non professionnels, invités à rester proches de leurs émotions réelles. Elle a cité son film Capharnaüm, où il lui aurait été impossible de demander au jeune acteur de “jouer” la souffrance, préférant laisser émerger des réactions spontanées et authentiques.
Cette méthode crée une dynamique particulière, où toute l’équipe contribue à bâtir un espace de vérité, cœur battant de son cinéma. L’improvisation joue également un rôle essentiel, permettant de provoquer des moments inattendus et d’encourager des réactions naturelles.
Évoquant ses débuts, Labaki a rappelé qu’elle ne pouvait pas se consacrer immédiatement au cinéma. Les clips musicaux ont alors constitué, selon elle, un véritable laboratoire pour expérimenter formes, atmosphères et narration.
Originaire d’un petit village, elle voyait dans le cinéma un moyen d’évasion face à un quotidien marqué par la guerre et l’absence d’industrie cinématographique.
Elle a également souligné l’importance de la musique dans sa vie et dans son œuvre, considérant qu’elle amplifie les émotions, stimule l’imaginaire et influence son regard artistique, avec des touches libanaises héritées du théâtre musical.
Nadine Labaki signe en 2004 son premier long métrage, Caramel, célébration de la solidarité féminine qui devient le plus grand succès du cinéma libanais à l’international. Elle poursuit sa réflexion sur la condition des femmes avec Et maintenant on va où ? (2011), récompensé dans plusieurs festivals.
En 2018, elle entre en Compétition officielle à Cannes avec Capharnaüm, plaidoyer poignant sur l’enfance brisée et les injustices sociales. Le film reçoit le Prix du Jury et est nommé aux Golden Globes, aux Baftas, aux César et à l’Oscar du Meilleur film étranger, faisant d’elle la première femme arabophone nommée dans cette catégorie. Elle préside ensuite le jury “Un Certain Regard” en 2019 et siège au jury du Festival de Cannes en 2024.
Le programme “Conversations” 2025 accueille plusieurs figures majeures du cinéma mondial, dont le réalisateur coréen Bong Joon Ho, lauréat de la Palme d’or et de quatre Oscars pour Parasite, le cinéaste mexicain Guillermo del Toro, triple lauréat des Oscars, ainsi que l’actrice et réalisatrice américaine Jodie Foster, doublement oscarisée.
Chaque année, “Conversations” propose un espace privilégié où le cinéma se dévoile différemment. Ces rencontres, intimes et exigeantes, offrent un regard unique sur le processus de création, la manière de filmer, de diriger, de jouer et d’accompagner les œuvres, reflétant les forces qui animent aujourd’hui le monde du cinéma.





