Inrae, l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement a récemment publié une étude prospective qui explore la possibilité de produire de manière durable dans le secteur agricole européen sans l’utilisation de pesticides chimiques d’ici 2050.
Cette étude s’aligne avec les objectifs européens de réduire l’utilisation des pesticides de 50 % d’ici 2030 par rapport à 2015-17. Pendant deux ans, 144 experts, scientifiques et acteurs du monde agricole ont travaillé ensemble pour explorer les différentes voies possibles pour une transition vers une agriculture sans pesticides. Trois scénarios ont été proposés, tous impliquant une diversification des cultures, le développement du biocontrôle, des dispositifs d’épidémiosurveillance et un apport du numérique et de la robotique.
Le premier scénario, « Marché global », propose une harmonisation des standards du marché agricole européen et mondial, avec des investissements dans des technologies de pointe et un renforcement du biocontrôle largement piloté par l’intelligence artificielle. Le deuxième scénario, « Microbiomes sains », vise à produire plus de légumineuses, de céréales secondaires, de fruits et légumes et à consommer moins de viande et de produits ultratransformés. Enfin, le troisième scénario, « Paysages emboîtés », propose une modification en profondeur des paysages agricoles pour renforcer la biodiversité à l’échelle des territoires. Les cultures doivent être plus variées sur des surfaces plus petites pour construire un paysage « mosaïque ». Selon les scénarios, la production en calories à l’horizon 2050 varie de -5 % à +12 %. Les deux derniers modèles permettent à l’Europe de rester exportatrice.
En outre, ces trois voies permettent une réduction des gaz à effet de serre, allant de -8 % dans le premier scénario, de -20 % dans le deuxième à -37 % dans le troisième. Cependant, tous ces scénarios nécessitent une refonte de la Politique agricole commune et un mix cohérent de politiques publiques européennes. Cette transition nécessitera des changements profonds dans les politiques publiques et l’ensemble du secteur agricole européen, ainsi qu’une coopération étroite entre les acteurs de l’agriculture et les décideurs politiques.
MAP