Rendre l’autonomie aux personnes aveugles, malvoyantes ou qui peinent à lire grâce à l’intelligence artificielle, tel est l’objectif de l’entreprise israélienne OrCam, fondée par Amnon Shashua et Ziv Aviram en 2010. En améliorant la qualité de vie de ceux qui n’ont pas la chance de voir ou qui ont des difficultés à lire, grâce à un petit appareil portatif, cette technologie pionnière a, depuis 2015, révolutionné le quotidien de dizaines de milliers d’utilisateurs à travers le monde.
OrCam est née dans le prolongement de Mobileye, une société israélienne qui développe des systèmes anti-collisions et d’assistance à la conduite de véhicules. “A la base, c’est un projet humaniste qui a vu le jour grâce à une partie des ingénieurs de Mobileye qui souhaitaient aider ceux qui ne voient pas à lire et à travailler. Tout a commencé avec la tante d’Amnon Shashua, co-fondateur d’OrCam, atteinte d’une dégénérescence maculaire (DLMA). Alors qu’elle perdait la vue petit à petit, son neveu s’est dit qu’il fallait trouver une solution équivalente à celle de Mobileye pour rendre service à l’humanité. Ils ont ensuite interrogé des personnes malvoyantes pour savoir ce qui leur manquait le plus et elles ont répondu majoritairement la lecture. Les ingénieurs se sont donc concentrés sur cet aspect en priorité puis, ils ont modernisé les appareils afin qu’ils soient capables de reconnaître des visages et des objets”, a déclaré Delphine Nabeth, responsable marketing opérationnel Europe chez OrCam.
Les appareils OrCam, légers et de petit format, tiennent dans une main et sont très faciles à utiliser. De plus, ils ne nécessitent pas de connexion internet. Actuellement, deux sortes de dispositifs sont disponibles et largement commercialisés. Le OrCam MyEye s’adresse aux personnes aveugles et malvoyantes : c’est un petit boîtier qui se clipe sur les lunettes et scanne le texte ou les objets qui se trouvent devant l’utilisateur, puis une voix lui dicte le contenu à l’oral dans sa langue. Tandis que le OrCam Read fonctionne sur le modèle d’un stylet-lecteur qui permet aux personnes ayant une déficience visuelle, un glaucome, une DLMA, ou qui souffrent de dyslexie ou d’analphabétisme, de pouvoir lire. Le principe est simple : l’utilisateur positionne le stylo devant le texte et appuie sur le bouton, puis une commande vocale lui lit l’inscription. Un concept sans précédent, qui change la vie de ceux qui l’ont déjà adopté.
Une étude menée en 2019 sur 13 élèves dans 9 établissements scolaires du Queensland, en Australie, a aussi démontré tous les avantages d’OrCam dans l’accompagnement des étudiants présentant des troubles du neuro-développement ou des difficultés d’apprentissage de la lecture. OrCam Read leur permet de se concentrer davantage sur le sens du texte que sur l’acte de lecture. “La lecture est un défi pour de nombreuses personnes, parfois à cause d’un problème physique – parfois à cause d’un trouble de l’apprentissage. Pour les personnes dans ces situations, l’acte de lire nécessite tant d’efforts qu’il devient difficile de se concentrer sur le contenu”, explique le Dr Yonatan Wexler, vice-président exécutif de la recherche et du développement d’OrCam.
La start up israélienne a produit ses appareils dans une trentaine de langues et les a vendus dans une quarantaine de pays. Les dispositifs permettent aussi de scanner des visages, ou encore des cartes de crédit, des billets de banque et des couleurs, qu’ils enregistrent et transmettent en temps réel. OrCam Read est également le premier dispositif jamais conçu à intégrer une caméra intelligente capable de lire tous les textes imprimés ou numériques. “Pour les visages et les produits, la personne peut en enregistrer jusqu’à 150”, précise Delphine.
Pour l’heure, le plus gros marché d’OrCam se trouve aux Etats-Unis et en Angleterre où les produits ont été diffusés d’abord. L’entreprise s’est ensuite tournée vers l’Allemagne en raison de l’importante prise en charge par les mutuelles et d’un marché de ce fait conséquent. Puis la France, ou encore l’Espagne et plus récemment l’Ethiopie se sont ajoutés à une longue liste. “Un pays arabe vient de faire un don important à l’Ethiopie mais nous n’avions pas l’appareil en éthiopien. Grâce à cette opportunité, nous avons donc développé le logiciel en un mois dans cette langue pour que les dispositifs soient prêts à être acheminés”, se réjouit Delphine. En France chaque année, des milliers de dispositifs OrCam sont également vendus. En Israël, une prise en charge financière est assurée par les caisses de santé et les mutuelles ainsi que par le ministère du Bien-Etre, selon certains critères.
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