Le Canada et l’Allemagne ont annoncé mardi la création d’une “alliance pour l’hydrogène” ouvrant la voie à une “chaîne d’approvisionnement transatlantique“, à l’heure où l’Europe cherche à réduire sa dépendance aux énergies fossiles russes.
“C’est un vote de confiance envers le Canada comme leader en énergie propre“, a souligné le Premier ministre canadien Justin Trudeau lors d’une conférence de presse en présence du chancelier allemand Olaf Scholz. “Le monde ne peut pas continuer à compter sur des pays autoritaires qui, comme la Russie, instrumentalisent la politique énergétique“, a défendu M. Trudeau, en référence au chantage énergétique dont l’Europe accuse Moscou.
“Nous devons parler des contraintes à court terme et du gaz naturel liquéfié (GNL), mais à long terme, le véritable potentiel réside dans l’hydrogène vert provenant des provinces atlantiques“, a quant à lui estimé Olaf Scholz. A travers ce partenariat, Ottawa vise à devenir “un important exportateur d’hydrogène et de technologies propres associées“, ce qui intéresse tout particulièrement Berlin qui cherche à “importer des quantités importantes d’hydrogène renouvelable pour décarboner son industrie” mais aussi s’émanciper des énergies russes.
Les premières livraisons d’hydrogène sont prévues pour 2025, selon une déclaration d’intention commune signée à Stephenville (Terre-Neuve-et-Labrador) par Olaf Scholz, en visite pour trois jours dans le pays, et Justin Trudeau. C’est dans cette ville de la côte Atlantique canadienne que l’entreprise américaine World Energy GH2 Inc. cherche à construire une installation de production d’hydrogène alimentée par un parc éolien de 164 turbines d’un gigawatt. L’hydrogène vert ou renouvelable est fabriqué par électrolyse, c’est-à-dire séparation de l’oxygène et hydrogène de l’eau grâce à un courant électrique, lui-même obtenu à l’aide d’énergies renouvelables.
Au sein de cette alliance, Ottawa souhaite développer la production et l’exportation de l’hydrogène vert au Canada pour “un usage domestique, pour l’exportation vers l’Allemagne, le marché européen plus largement et l’Asie” en consolidant la coopération avec les provinces et territoires, d’après le document.
Berlin veut pour sa part soutenir les importateurs d’hydrogène allemands en développant un “corridor de commerce international” avec le Canada et d’autres pays. Pour ce faire, les deux nations prévoient d’uniformiser les règles entourant “la production, la distribution et la commercialisation et l’utilisation de l’hydrogène“. L’alliance vise aussi à renforcer la recherche et développement de ce secteur encore embryonnaire ainsi que les infrastructures portuaires canadiennes et allemandes.