Le Président de la Banque Africaine de Développement (BAD), Akinwumi Adesina, s’est dit, mercredi à Marrakech, « extrêmement positif » quant aux opportunités d’investissement en Afrique.
« Dans l’enquête 2020 menée par l’African Private Equity and Venture Capital Association, environ 45 % des commanditaires s’attendent à ce que les rendements en Afrique dépassent ceux des marchés émergents et des marchés développés au cours des 10 prochaines années », a dit M. Adesina à l’ouverture des travaux de la 14è édition du Sommet des affaires USA-Afrique, estimant que c’est le moment pour les investisseurs américains de se déplacer rapidement et d’investir massivement en Afrique » rapporte l’agence de presse MAP.
Dans ce sens, il a fait savoir que l’Afrique offre une destination d’investissement « très rentable », notant que les investisseurs accordent beaucoup d’attention à ce Continent et que le nombre de fonds de capital-investissement en Afrique est passé de 12 seulement en 1997 à 150 en 2020.
Selon lui, il existe toujours un avantage au premier arrivé et les opportunités n’attendent personne, précisant que l’investissement étranger direct des États-Unis en Afrique en 2020 était de 47,5 milliards de dollars et que bien que cela soit important, il existe beaucoup de place pour l’expansion, dans la mesure où les IDE des États-Unis vers l’Afrique ne représentent que 5,2 % de l’investissement direct étranger mondial des États-Unis ».
Sur un autre registre, M. Adesina, a mis en avant l’importance du programme « Build Back Better World » du Président Joe Biden dans la contribution au basculement d’investissements du secteur privé américain vers l’Afrique.
« Il est temps de se rafraîchir, de se réengager et de réinvestir en Afrique. Comme vous le faites, il est important de fonder vos décisions d’investissement en Afrique sur des faits et non sur de la fiction ou des perceptions. La perception n’est pas la réalité », a-t-il estimé.
Il a, par ailleurs, rappelé, qu’en 2020, l’évaluation cumulative sur 10 ans des taux de défaut de paiement de la dette d’infrastructure mondiale de Moody’s Analytics, réalisée par région, a constaté que les prêts aux infrastructures étaient moins performants en Europe de l’Est, en Amérique latine et en Océanie et que l’Afrique était la région avec le deuxième taux de défaut cumulé le plus bas, après le Moyen-Orient, preuve une fois de plus, que les infrastructures en tant que classe d’actifs en Afrique sont « solides, sécurisées et rentables ».
C’est pourquoi la BAD a investi plus de 44 milliards de dollars dans les infrastructures en Afrique au cours des six dernières années, dans les domaines de l’énergie, des transports, des infrastructures numériques, de l’eau et de l’assainissement, a-t-il fait remarquer.
Evoquant la question du gaz naturel, M. Adesina a assuré que l’Afrique est prête à être la source alternative d’approvisionnement en la matière, pour aider à sécuriser l’approvisionnement énergétique de l’Europe, suite à la guerre russo-ukrainienne qui a perturbé l’approvisionnement énergétique.
« Du Nigeria, au Ghana, en passant par la Tanzanie, le Sénégal, le Maroc, le Kenya, l’Algérie, l’Afrique possède aujourd’hui certaines des plus grandes réserves de gaz naturel au monde », a-t-il enchainé.
Et de soutenir: « L’Afrique possède certains des plus grands gisements de lithium au monde, de la République démocratique du Congo à la Namibie, au Zimbabwe et au Mali, suffisamment pour rendre le Continent compétitif avec la Chine et le Chili dans la course à l’approvisionnement des chaînes de valeur mondiales pour les voitures électriques ».
Il s’est, par ailleurs, félicité des opportunités énormes dont dispose le Continent africain dans le domaine de l’agriculture, avec 65% des terres arables restantes non cultivées pour nourrir le monde, précisant que ce que l’Afrique fera avec l’agriculture déterminera, sans nul doute, l’avenir de l’alimentation dans le monde.
« Si cela ne suffit pas à vous convaincre d’investir en Afrique, laissez-moi essayer plus loin, la zone de libre-échange continentale de l’Afrique (ZLECAf) deviendra la plus grande zone de libre-échange au monde, avec un marché de 3,3 billions de dollars, couvrant 54 pays et une population de 1,3 milliard d’habitants », a-t-il fait valoir, tout en mettant en avant l’immensité des opportunités d’investissement dans les énergies renouvelables, dont 10 TW de solaire, 350 GW d’hydroélectricité, 150 GW d’éolien et 15 GW de géothermie.
Et de conclure: « L’Afrique est prête. Les États-Unis sont prêts. Transformons les conversations en engagements. Transformons les engagements en investissements. Construisons ensemble! »
Placé sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, ce Sommet qui se poursuivra jusqu’au 22 juillet, en partenariat avec le « Corporate Council on Africa » (CCA), connait la participation notamment, d’une importante délégation gouvernementale américaine, des ministres africains et des décideurs des plus grandes multinationales américaines et des milieux d’affaires africains.
Offrant l’occasion d’établir des partenariats d’affaires tripartites USA-Maroc-Afrique orientés vers l’avenir, ce Sommet représente aussi une opportunité de consolider le positionnement stratégique du Maroc, seul pays africain ayant conclu un accord de libre-échange avec les Etats-Unis, en tant que hub pour l’Afrique et partenaire économique de référence pour les USA.
Ce conclave sera marqué par l’organisation de dialogues de haut niveau, de sessions plénières, de panels, de tables rondes et de side-events autour des priorités du Continent en matière de sécurité alimentaire, de santé, d’agriculture, de transition énergétique, de nouvelles technologies, d’infrastructures et d’intégration des écosystèmes industriels.