Pour se passer des gazoducs russes, l’Europe doit faire venir du gaz liquéfié par tanker. Mais son acheminement nécessite des infrastructures particulières.
L’acheminement du gaz est le nouveau casse-tête des Européens qui tentent de se passer des importations russes. Problème, faire venir le gaz liquéfié (GNL) des Etats-Unis ou du Qatar est autrement plus compliqué.
• Quelle différence entre le gaz et le GNL?
Concrètement, le gaz naturel (principalement composé de méthane) et le gaz naturel liquéfié sont le même hydrocarbure. Seulement, leur état n’est pas le même: le premier est gazeux et circule par gazoduc tandis que le second a été mis à l’état liquide. Pour cela, il faut le porter à une température inférieure à -160°C.
L’avantage, c’est que le GNL peut alors être transporté par bateau dans des cuves avec un volume 600 fois moins important que le gaz naturel. Il ne doit pas être confondu avec le GPL (gaz de pétrole liquéfié) qui est un mélange raffiné de gaz naturel et de pétrole.
• D’où vient le GNL?
Le GNL peut venir de n’importe quel pays producteur de gaz équipé pour liquéfier le gaz mais les plus gros producteurs sont le Qatar, les Etats-Unis ou encore l’Australie. C’est l’avantage du GNL, il peut venir de l’autre bout du monde, à condition évidemment de payer le transport.
• Tout le monde peut-il recevoir du GNL?
Non car il n’est pas utilisable à l’état liquide, il faut le regazéifier. Pour cela, il faut disposer d’un port méthanier qui accueille les navires, reçoit le GNL, le transforme en gaz puis l’injecte dans le réseau. D’emblée, cela écarte les pays qui n’ont pas accès à la mer, comme l’Autriche qui dépend énormément du gaz russe.
L’Allemagne n’a pas non plus de terminal méthanier mais vient d’approuver la construction d’un port à l’embouchure de l’Elbe. Il sera opérationnel d’ici 2 à 3 ans.
En attendant, il existe une alternative plus rapide, ce sont des terminaux flottants, sorte de grands navires qui reçoivent et transforment le GNL. L’avantage, c’est qu’ils peuvent être construits (ou reconvertis) en peu de temps même si le volume de gaz est moins élevé que pour les terminaux en dur. De la même façon, ils peuvent aussi changer de port si besoin. Un des deux méthaniers flottants français pourrait d’ailleurs revenir vers la métropole.
Pour amarrer un terminal méthanier de regazéification flottant, il faut disposer d’un port avec des eaux profondes, d’un jetée suffisamment longue et solide et évidemment d’un gazoduc pas trop éloigné pour réinjecter dans le réseau.
• Le GNL peut-il alors remplacer le gaz russe?
La plupart des observateurs sont d’accord pour dire que les volumes seront trop bas pour remplacer en totalité le gaz russe à l’echelle de l’Europe. La France, qui dispose de 4 ports méthaniers (deux à la Fos-sur-Mer, un en Bretagne et le dernier à Dunkerque) pourrait probablement s’en passer, d’autant que le gaz russe ne représente que 17% de ses importations.
Mais pour les pays de l’est ou pour l’Allemagne, cette solution serait beaucoup trop longue à mettre en place et trop coûteuse. L’Europe doit donc réfléchir à d’autres sources d’approvisionnement, tout en investissant dans des énergies alternatives: le biométhane, les énergies renouvelables ou encore le nucléaire.