Après avoir cédé la deuxième place à la Chine en 2010, le Japon est depuis l’an dernier tombé à la quatrième position, notamment en raison de la faiblesse de sa monnaie. Pour Berlin, cette information est un trompe-l’œil qui s’explique par l’inflation outre-Rhin.
Dopés par l’inflation, ce PIB de 4 500 milliards et cette troisième place sont vus comme un trompe-l’œil outre-Rhin puisque l’économie allemande s’est contractée de 0,3 % en 2023
Le Japon a perdu en 2023 son titre symbolique de troisième puissance économique mondiale au profit de l’Allemagne, sous l’effet notamment de la chute du yen, selon des données préliminaires du produit intérieur brut (PIB) nippon publiées jeudi. Le PIB nominal du Japon en 2023 s’est élevé à quelque 4 200 milliards de dollars, contre environ 4 500 milliards de dollars pour l’Allemagne, dont le PIB nominal a été dopé par l’inflation, restée forte l’an dernier dans le pays.
Mais en termes réels, c’est-à-dire sans le biais de l’inflation, le PIB nippon a accéléré l’an dernier (+1,9%, contre 1 % en 2022), alors que l’économie allemande s’est elle contractée de 0,3 % selon des données officielles publiées en janvier. Puissance exportatrice, l’Allemagne souffre de la faible demande extérieure, des coûts de l’énergie pour son important secteur manufacturier et des taux d’intérêt relevés par la Banque centrale européenne (BCE) dans le but de vaincre l’inflation.
Comme l’Allemagne, le Japon est une puissance industrielle et exportatrice, mais ce statut est en perte de vitesse depuis longtemps et sa consommation intérieure est actuellement minée par l’inflation et la chute du yen. La déliquescence de la monnaie japonaise a perduré l’an dernier (-7 % par rapport au dollar). Elle provient principalement du décalage entre les resserrements monétaires drastiques opérés aux Etats-Unis et en Europe depuis 2022 et le maintien par la Banque du Japon (BOJ) de son cap ultra-accommodant.
«Le Japon doit mener davantage de réformes structurelles», a convenu ce jeudi le ministre nippon de la Revitalisation économique, Yoshitaka Shindo, soulignant aussi la nécessité de parvenir à des hausses de salaires correspondant à l’inflation.
Face à ce tableau décevant, «la Banque du Japon va probablement devenir encore plus prudente» au sujet du début de son resserrement monétaire attendu cette année et qui s’annonçait déjà extrêmement graduel, a réagi dans une note Min Joo Kang, économiste de la banque néerlandaise ING. Un premier relèvement des taux de la BOJ – un événement inédit depuis 2007 – pourrait désormais ne plus intervenir dès mars-avril, mais plutôt en juin, voire au troisième trimestre, si la croissance repart comme prévu en début d’année, a-t-il ajouté. Le FMI prédit au Japon une croissance économique modérée cette année (+0,9 %).
Agences