Les joueuses de la Nouvelle-Zélande et de la Norvège ont donné le coup d’envoi d’une Coupe du monde programmée pour battre des records, jeudi à Auckland, quelques heures après le “choc” d’une fusillade mortelle survenue dans la ville néo-zélandaise.
La première journée du Mondial se poursuit par un duel entre l’Australie et l’Irlande (12h00) à Sydney, où 75.000 spectateurs sont attendus pour soutenir les “Matildas”.
La fête annonce qu’elle a été troublée par une fusillade qui a fait trois morts dont le tireur présumé, et six blessés sur un chantier de construction, dans le centre d’Auckland.
L’incident, sans lien avec le tournoi selon la Fifa, a perturbé la préparation de plusieurs sélections se trouvant à proximité, dont les doubles tenantes du titre américain.
Le groupe de la Norvège a été réveillé par un hélicoptère et “un grand nombre de véhicules d’urgence”, a déclaré le capitaine Maren Mjelde, citée dans un communiqué.
Les joueuses norvégiennes sont saines et sauves, a annoncé la Fédération néo-zélandaise, “choquée” par la fusillade, un phénomène rare dans l’archipel, qui pose des questions autour de la sécurité de l’événement.
Une minute de silence a été respectée juste avant le début de la rencontre.
Les organisateurs s’attendent à battre un record local d’affluence au mythique Eden Park, temple du rugby et des All Blacks (43.000 sièges en configuration Fifa), dernière conquête d’une compétition en plein essor.
“Iconique”
Premier Mondial à 32 équipes, premier Mondial dans l’hémisphère sud, premier Mondial co-organisé par deux pays : les 736 joueuses convoquées pour cette Coupe du monde espèrent faire franchiser un nouveau cap à leur discipline, quatre ans après l’édition réussie en France.
“Ce trophée va devenir iconique et nous verrons des matchs exceptionnels ici. Le monde va regarder”, s’est enthousiasmé Gianni Infantino, le président de la Fifa qui s’attend à “une célébration” du football féminin, huit mois après un Mondial masculin décrié au Qatar.
L’événement accompagne un développement historique de la discipline aux quatre pièces du globe avec une professionnalisation croissante, des records d’affluence qui tombent les uns après les autres et des joueuses toujours plus engagées pour l’égalité.
“Je ressens une réelle opportunité de faire sauter le couvercle en termes d’impact médiatique et marketing, sur l’économie globale autour de ce sport”, prédit l’Américaine Megan Rapinoe, symbole planétaire d’un football féminin engagé et militant.
Elle dispute sa quatrième et dernière Coupe du monde à 38 ans et vice avec les USA un troisième sacre d’affilée, un record.
Quand le football des hommes s’alarme de l’explosion du nombre de matchs et de compétitions, celui des femmes rattrape son “retard” à grande vitesse : de 16 équipes en 2011, il est passé à 24 en 2015 et 32 cette année.
Huit nations vont même vivre leur première phase finale, comme Haïti et le Maroc, seul pays arabe qualifié.
Ce contexte s’accompagne de dotations Fifa historiquement élevées : 152 millions de dollars promis aux équipes, soit trois fois plus qu’en 2019 et dix fois plus qu’en 2015 ; et 30.000 dollars minimum assurés à chaque joueuse à titre individuel, une première.
Au coeur de l’hiver austral, les belles promesses sont perturbées par quelques doutes quant au remplissage des stades néo-zélandais. Mercredi, la Fifa s’est même transmise dans une entreprise de séduction vis-à-vis des habitants de l’archipel.
Étoiles
“Ce n’est pas trop tard, on a besoin de vous, venez voir les matchs”, a lancé à Auckland le président Infantino aux journalistes néo-zélandais.
Seulement 320.000 billets ont été vendus dans le pays sur les 1,375 millions vendus au total, donc moins d’un quart.
“C’est l’occasion pour ce pays de ne pas se contenter d’être un pays de rugby, mais de réveiller son amour pour le football”, a déclaré mercredi la sélectionneuse des “kiwis” Jitka Klimkova. Ses “Football Ferns” n’ont jamais remporté de match en phase finale de Coupe du monde.
Ce tournoi dans l’hémisphère sud entre juillet et août pose également la question des audiences télévisées dans les pays majeurs du football qui devront parfois se lever tôt pour suivre les matchs en raison du décalage horaire. La Fifa a cessé de peu un fiasco audiovisuel en signant la dernière minute des accords de diffusion en Europe et au Japon.
Même si plusieurs étoiles manquent à l’appel en raison de blessures – la plupart au genou -, plusieurs équipes armées semblent pour le titre : les États-Unis bien sûr, mais aussi Allemagne, France, Espagne, Angleterre, Suède, Canada.. L’Australie et sa vedette Sam Kerr, très ambitieuses, peuvent prouver dès jeudi qu’il faudra compter sur elles pour le trophée.
AFP