Au moins deux corps de migrants africains ont été retrouvés en une dizaine de jours dans des zones désertiques à la frontière entre la Tunisie et l’Algérie où des dizaines d’autres errent abandonnés à leur sort, selon un porte-parole judiciaire et un témoin tunisiens.
A la suite d’affrontements ayant coûté la vie à un Tunisien la semaine dernière, des dizaines de migrants de pays d’Afrique subsaharienne ont été chassés de Sfax (centre-est de la Tunisie) et conduits par les autorités, selon des ONG, vers des zones inhospitalières frontalières de la Libye et l’Algérie.
« Un premier corps a été retrouvé il y a au moins dix jours dans le désert de Hazoua (tout près de la frontière algérienne, ndlr) et un autre hier soir », a dit mardi à l’AFP Nizar Skander porte-parole du tribunal de Tozeur, dans le sud-est de la Tunisie, instance qui a « ouvert une enquête pour mort douteuse ». « Il s’agissait de deux jeunes hommes, la protection civile est venue chercher celui qui a été retrouvé hier », a indiqué à l’AFP le témoin, un commerçant local qui a requis l’anonymat. Selon lui, « deux convois en une semaine ont été vus en train de déposer des migrants d’Afrique subsaharienne, au total une centaine dans les environs de Hazoua ». « Beaucoup de ces migrants essayent de rejoindre les oasis où les habitants leur donnent de l’eau et de la nourriture », a ajouté le témoin.
L’ONG Human Rights Watch a fait part lundi de son inquiétude pour « 150 à 200 migrants subsahariens » se trouvant dans les zones frontalières entre l’Algérie et la Tunisie. Un migrant guinéen, Mamadou, qui s’est géolocalisé à Douar El Ma, du côté algérien de la frontière, a lancé lundi un appel de détresse à l’AFP en disant n’avoir « ni eau ni nourriture ». Il n’était plus joignable mardi. Ils étaient une trentaine dans la même situation, a-t-il témoigné. HRW avait recueilli un témoignage il y a quelques jours parlant de « plusieurs personnes mortes près de la frontière algérienne ». « De nombreuses personnes expulsées près de la frontière algérienne risquent leur vie si elles ne sont pas immédiatement secourues », a déclaré à l’AFP Salsabil Chellali, directrice de HRW en Tunisie.
HRW a annoncé lundi soir la mise à l’abri de 500 à 700 migrants subsahariens qui avaient été abandonnés la semaine passée dans une zone tampon à la frontière entre la Tunisie et la Libye vers au moins trois villes tunisiennes: Ben Guerdane, Tataouine et Médenine.
AFP





