Le Maroc entend généraliser progressivement l’enseignement de la langue amazighe à l’école primaire, une décision qui concernera 4 millions d’élèves d’ici à la fin de la décennie, a annoncé jeudi le ministre de l’Education.
La langue amazighe avait été reconnue en 2011 comme langue officielle dans la nouvelle Constitution du royaume, au côté de l’arabe
C’est lors d’une conférence de presse organisée ce jeudi à l’issue du Conseil du gouvernement que le ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, a communiqué plusieurs détails concernant cette mesure, tels que le nombre d’établissements où la langue amazighe sera enseignée et le nombre d’enseignants formés à cet effet.
Cette mesure répond à une ancienne revendication des militants de la cause amazighe, dans un souci de préserver la langue, alors qu’elle est enseignée à seulement 330.000 écoliers actuellement. Sa généralisation va “nécessiter une augmentation du nombre d’enseignants spécialisés et d’enseignants bilingues et ce, à partir de la prochaine rentrée scolaire”, a précisé M. Benmoussa. La langue amazighe avait été reconnue en 2011 comme langue officielle dans la nouvelle Constitution du royaume, au côté de l’arabe.
En 2019, une loi organique avait officialisé son usage dans l’administration, les collectivités territoriales, les services publics, ainsi que dans l’enseignement public et privé.
Le ministre a ainsi indiqué qu’une feuille de route avait été élaborée en vue de généraliser l’enseignement de l’amazighe au cycle primaire dès 2023/2024. Il a souligné qu’actuellement, « 1.066 établissements scolaires primaires enseignent l’amazighe, au profit de 330.000 élèves« .
« Notre objectif est d’atteindre, d’ici 2030, 12 000 établissements capables d’enseigner l’amazighe, soit 4 millions d’élèves. Nous avons tracé une trajectoire pour atteindre ces chiffres et nous espérons atteindre nos objectifs d’ici 2026« , a-t-il déclaré.
Le ministre a également annoncé l’extension du réseau des établissements enseignant l’amazighe dès la prochaine rentrée scolaire 2023/2024, tout en augmentant le nombre d’enseignants spécialisés.
« Il y a des enseignants spécialisés ainsi que d’autres qui maîtrisent plusieurs langues. En ce qui concerne les enseignants spécialisés, nous en avions 200 par an, nous sommes maintenant à 400 par an. Nous allons continuer sur cette lancée« , a-t-il précisé.
Quant aux enseignants maîtrisant plusieurs langues, leur nombre était initialement faible, selon le ministre.
« Nous prévoyons le recrutement de 1 500 à 2 000 enseignants par an possédant une double formation en langues. Cela contribuera à atteindre nos objectifs. L’idée est également de faire un bilan annuel des progrès réalisés et d’élargir le réseau des établissements enseignant l’amazighe« , a-t-il conclu sur ce sujet.
Il convient de rappeler que cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’application des dispositions de la Constitution du Royaume, notamment l’article 5 qui établit l’amazighe comme langue officielle de l’État. Elle est également conforme à l’intérêt que porte le Roi Mohammed VI à l’amazighe en tant qu’élément essentiel de l’identité marocaine authentique, riche de sa diversité linguistique, et patrimoine commun à tous les Marocains, précise le ministère dans un communiqué.
Cette généralisation progressive cadre aussi avec les textes législatifs sur la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, la loi-cadre 51.17 et la feuille de route gouvernementale 2022-2026.