Quatorze kilomètres seulement séparent Tarifa, en Espagne, de Tanger, au Maroc. Depuis des décennies, le détroit de Gibraltar fascine ingénieurs et politiques, mais aucun pont n’a jamais relié les deux continents, et cela n’est pas un hasard.
Sur le papier, construire un pont semble envisageable. Dans les faits, le projet est jugé irréalisable à court terme en raison de contraintes techniques, économiques et géopolitiques.
La profondeur du détroit atteint jusqu’à 900 mètres, les courants marins sont puissants et changeants, et la zone est soumise à des vents violents et à un trafic maritime intense.
De plus, la région est géologiquement instable, exposée aux tremblements de terre. Ces obstacles techniques et naturels rendraient la construction extrêmement coûteuse, avec des estimations de plusieurs dizaines de milliards d’euros.
Face à ces difficultés, les gouvernements espagnol et marocain ont choisi de se concentrer sur un projet plus réaliste : le tunnel sous-marin du détroit de Gibraltar.
Initié dans les années 1980 et relancé en 2023, ce tunnel ferroviaire relierait directement les deux pays sur environ 60 kilomètres, dont 28 sous la mer, dépassant ainsi la longueur du tunnel sous la Manche.
Le coût estimé du tunnel varie entre 15 et 30 milliards d’euros. Il serait réservé au transport ferroviaire de passagers et de fret, et permettrait de réduire les délais logistiques tout en favorisant le développement économique et touristique.
Cependant, le projet reste confronté à de nombreux défis, notamment l’activité sismique, les courants sous-marins et la modernisation du réseau ferroviaire marocain. Sa mise en service ne pourrait intervenir avant 2040 au plus tôt.
