Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a annoncé une baisse significative du nombre de mariages de mineurs au Maroc, passant de 26.298 cas en 2017 à 8.955 en 2024. Un recul encourageant, mais qui ne suffit pas, selon lui, à effacer les inquiétudes, notamment dans les zones rurales où le phénomène reste préoccupant.
Dans une réponse écrite adressée au président du groupe haraki, Ouahbi a souligné que la lutte contre ce phénomène dépasse le cadre juridique. Elle est aussi liée aux réalités socio-économiques et à des mentalités profondément ancrées dans certaines régions. « Le problème ne dépend pas uniquement de la loi, mais aussi d’une culture et d’une vision sociale », a-t-il expliqué.
Des réformes prévues dans la Moudawana
Le ministre a rappelé que la réforme de la Moudawana (Code de la famille) en cours prévoit de fixer l’âge légal du mariage à 18 ans révolus, aussi bien pour les garçons que pour les filles. Toutefois, une exception encadrée permettra aux jeunes de 17 ans de se marier dans des conditions très strictes, avec l’autorisation d’un juge, pour éviter toute banalisation de cette dérogation.
Sensibilisation, éducation et mobilisation collective
Pour Ouahbi, les réformes juridiques ne suffisent pas à elles seules. Il appelle à une mobilisation nationale : ministères, partis politiques, associations et société civile doivent s’impliquer pour changer les mentalités. Il insiste aussi sur l’importance de la sensibilisation aux conséquences du mariage précoce, et sur la nécessité de lutter contre les causes sociales et économiques qui poussent certaines familles à marier leurs filles trop tôt.
Le ministre plaide également pour des mesures concrètes, notamment :
- La construction d’écoles et d’infrastructures adaptées dans les zones rurales,
- Le renforcement de la scolarisation des filles,
- L’application stricte de l’obligation scolaire pour éviter les abandons précoces.
Une législation déjà existante, mais à renforcer
Ouahbi a rappelé que la législation actuelle impose déjà une procédure stricte pour le mariage des mineurs, sous autorisation du juge de la famille, à condition que l’intérêt de l’enfant soit prouvé et que toutes les conditions légales soient respectées.
Il a également mentionné la circulaire n°44 س 2 du 5 décembre 2006, qui demande aux juges de veiller à la stricte application des règles en matière de mariage des mineurs.
Une baisse encourageante, mais des défis à relever
Malgré les progrès, le ministre reconnaît que les demandes d’autorisation de mariage de mineurs restent nombreuses, en particulier dans les zones rurales, qui continuent d’enregistrer des chiffres plus élevés que les zones urbaines.