À Tarfaya, entre la forteresse de Casa Del Mar et les vagues de l’Atlantique, le sable se transforme en œuvres d’art sous les gestes précis d’Ali Salem Yara. Cet artiste autodidacte originaire de la ville dessine à même la plage, créant de gigantesques fresques éphémères, visibles seulement à marée basse.
Armé d’un râteau, d’un piquet et d’une corde, Yara trace des cercles parfaits dans le sable humide, qu’il remplit ensuite de motifs inspirés du patrimoine local. “J’ai choisi cette fois-ci de représenter un ornement tiré de l’artisanat de la région”, explique-t-il, après avoir terminé une œuvre de plus de 30 mètres de large en deux heures et demie.
Influencé par la richesse culturelle du Sud marocain, il mêle géométrie, ornementation et parfois même des portraits en 3D de figures emblématiques. Chaque œuvre est un défi : il n’a que six heures, entre deux marées, pour donner vie à ses idées.
Depuis 2016, Ali Salem Yara perfectionne son art seul, été après été. Son objectif : faire de cette passion un moteur de créativité pour les jeunes générations, et participer à l’animation culturelle de Tarfaya. “Nos plages sont idéales pour cet art, il faut juste le faire connaître et le transmettre”, affirme-t-il.
Une fois son dessin terminé, il l’immortalise en photo ou vidéo, avant que la mer ne l’efface. Mais pour Yara, cette fugacité ne diminue en rien la beauté de son art. Bien au contraire : elle en est l’essence même.