L’annonce faite mardi 15 juillet par le Premier ministre François Bayrou a provoqué une onde de choc : pour alléger le budget public, il propose de supprimer deux jours fériés emblématiques, le lundi de Pâques et le 8 mai, jour de commémoration de la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Cette mesure, inscrite dans un plan de rigueur budgétaire de 43,8 milliards d’euros, a immédiatement déclenché une levée de boucliers, tant du côté politique que syndical. Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a dénoncé une “attaque contre notre histoire”, tandis qu’Aurélien Saintoul (La France Insoumise) y voit une “liquidation de l’héritage du Conseil national de la Résistance”.
À gauche comme à droite, la décision de toucher à ces deux dates sensibles, notamment le 8 mai, symbole de la victoire contre le nazisme, est perçue comme un signal inquiétant dans un contexte de montée des extrêmes et de tensions mémorielles. Le maire des Lilas, Lionel Benharous, a jugé cette décision “dangereuse”, surtout “dans une période où les valeurs républicaines sont fragilisées”.
Du côté des syndicats, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a rappelé que “supprimer le 8 mai serait une grave erreur, car c’est un jour de mémoire et de résistance”.
Une date commémorative à l’histoire fluctuante
L’historien Denis Peschanski rappelle cependant que le 8 mai n’a pas toujours été férié. La commémoration de la capitulation allemande en 1945 a été officialisée comme jour férié seulement en 1953. Sous De Gaulle, ce jour n’était plus férié, bien que la commémoration nationale soit maintenue. En 1975, Valéry Giscard d’Estaing supprime la cérémonie, invoquant la réconciliation franco-allemande, provoquant la colère des anciens résistants.
Aujourd’hui, alors que la mémoire de la Seconde Guerre mondiale reste un pilier de l’unité nationale, beaucoup jugent la proposition de suppression du 8 mai comme une remise en cause du devoir de mémoire.
Quant au lundi de Pâques, bien qu’ancré dans la tradition chrétienne et sociale française, sa suppression serait elle aussi mal perçue, notamment dans une société attachée à ses équilibres calendaires.
François Bayrou a déclaré être “ouvert à d’autres propositions”, mais sa suggestion a déjà lancé un débat profond sur la place de la mémoire, de la religion et de l’économie dans le calendrier français.