Le groupe BMCE Bank of Africa, présidé par l’homme d’affaires marocain Othman Benjelloun, s’implique activement dans l’une des transactions maritimes les plus stratégiques de la région Méditerranée. La banque a officiellement apporté son soutien à l’offre de la compagnie maritime danoise DFDS, qui vise à racheter les lignes maritimes entre les ports espagnols de Motril et d’Algésiras, et leurs homologues marocains de Nador et d’Al Hoceima.
Cette opération oppose DFDS à la compagnie espagnole Baleària, qui ambitionne quant à elle de racheter l’ensemble du groupe Naviera Armas Trasmediterránea (Artra), et non uniquement les activités dans le détroit.
BMCE considère que l’offre danoise est économiquement plus viable et mieux ciblée. L’offre de DFDS, estimée à plus de 200 millions d’euros, porte exclusivement sur les activités du détroit, soit un montant équivalent à celui proposé par Baleària pour l’ensemble du groupe, ce qui révèle des approches stratégiques très différentes.
Depuis 2024, des négociations intensives ont été menées entre les membres du conseil d’administration de Artra et les responsables de BMCE pour favoriser un accord qui profiterait à la fois aux intérêts économiques marocains et espagnols, tout en renforçant la connectivité maritime stratégique entre les deux rives de la Méditerranée.
L’offre de DFDS bénéficierait également de soutiens politiques discrets, notamment grâce à l’implication de Konstantin Sachs Coburg, membre du conseil d’administration d’Armas, connu pour ses liens étroits avec les familles royales du Maroc et d’Espagne. Ce soutien ajoute une dimension institutionnelle forte à la candidature danoise.
De son côté, Baleària fait face à des obstacles croissants. Son président, Adolfo Utor, est proche de dirigeants du Parti socialiste espagnol, ce qui suscite des réticences dans certains cercles marocains. Par ailleurs, des enquêtes en cours sur des comptes bancaires à Casablanca pourraient affaiblir davantage sa position.
