Face à une crise de production agricole sans précédent en raison du général impact de la sécheresse, le Maroc a pris une décision stratégique pour assurer l’approvisionnement en riz. En effet, la production locale a fortement diminué, ce qui a conduit les autorités à ouvrir la voie à l’importation de riz pour garantir la stabilité des prix et faire face à la demande interne.
Décision gouvernementale sur l’importation du riz
Le 24 décembre 2024, la Ministère de l’Industrie et du Commerce a annoncé la suspension des droits de douane et de la taxe sur la valeur ajoutée pour les importations de riz. Cette mesure vise à accélérer l’arrivée des premières cargaisons de riz en provenance de pays producteurs. L’objectif est de compenser la baisse de la production locale et de répondre à la demande croissante sur le marché marocain.
Réduction de la production locale de riz
La production de riz au Maroc a connu une chute dramatique cette année, passant de 55 000 tonnes en 2023 à seulement 7 000 tonnes en 2024. Cette diminution de la production a été causée par la sécheresse persistante, touchant principalement les zones de production clés telles que le Lokouss et le Gharb, où les superficies cultivées ont chuté de 8 500 hectares à moins de 900 hectares.
Impact sur les zones de production
Les régions de production majeures, notamment le Lokouss et le Gharb, ont été particulièrement affectées, ce qui a entraîné un déclin notable de l’offre de riz. Ce déclin est préoccupant pour la sécurité alimentaire du pays et la stabilité des prix.
Stratégie d’importation et partenariats internationaux
Pour faire face à ce défi, le Maroc a engagé des négociations avec des pays producteurs de riz, dont l’Inde, la Thaïlande, le Brésil et l’Argentine, afin de garantir des importations de riz de haute qualité à des prix compétitifs. Mohamed Al-Arabi Al-Ghazouani, directeur de la société MUNDIRIZ et président de la Fédération nationale interprofessionnelle du riz, a indiqué que les premières cargaisons devraient arriver ce mois-ci, alors même que les prix mondiaux du riz connaissent une hausse. Le prix du riz brut a atteint 4900 dirhams par tonne, tandis que le riz blanc traité est proposé à 5400 dirhams par tonne.
Qualité et prix du riz importé
Les autorités privilégieront l’importation de riz de qualité supérieure, avec une taux de brisage inférieur à 5%, en provenance de pays comme l’Inde et le Brésil, qui répondent aux normes internationales en matière de qualité.
Usines locales et traitement de l’importation
Les cargaisons de riz importées seront traitées dans six usines locales, garantissant ainsi leur préparation pour la consommation sur le marché marocain. Cette initiative vise à assurer une transition fluide et rapide du riz importé vers les étagères des supermarchés et magasins locaux.
Programme d’investissement pour le secteur du riz
Le Maroc a mis en place un programme d’investissement à long terme pour le développement de la filière rizicole, doté d’un budget de 339 millions de dirhams. Ce programme prévoit un soutien direct à la production locale à travers des investissements dans l’infrastructure et des mesures de soutien aux producteurs locaux. Un total de 168 millions de dirhams sera alloué à la Fédération nationale interprofessionnelle du riz, tandis que l’État contribuera à hauteur de 171 millions de dirhams pour soutenir l’infrastructure nécessaire à la production.
Une commission spéciale a été mise en place pour gérer l’importation de 55 000 tonnes de riz, comprenant des représentants des ministères de l’Industrie et de l’Agriculture, de l’Administration des Douanes, et du Bureau national des céréales et légumineuses. Cette commission est chargée de répartir les quotas entre les entreprises, en fonction de leurs importations moyennes des trois dernières années.
Malgré les défis climatiques actuels, Mohamed Al Ghazouani a exprimé sa confiance quant à la capacité du secteur à satisfaire la demande locale sous des conditions favorables. Le secteur possède des capacités de production suffisantes, avec la possibilité de cultiver 12 000 hectares supplémentaires, si les conditions climatiques s’améliorent. De plus, le rendement par hectare a augmenté, passant de 5 tonnes à 8,4 tonnes ces dernières années.