Cette année encore, les Thaïlandais célèbrent le Songkran, la fête traditionnelle la plus importante du pays marquant le nouvel an bouddhique, sans les fameuses batailles d’eau qui font la notoriété de ces festivités.
Alors que l’ombre de la pandémie plane encore sur cette célébration nationale, les Thaïlandais n’en perdent pas leur spiritualité pour autant.
Loin des foules en liesse qui prenaient d’assaut les rues pour s’asperger d’eau, l’ambiance de Songkran cette année est empreinte de recueillement et de retour aux traditions ancestrales.
Plusieurs Thaïlandais ont ainsi passé la première journée de ces festivités de trois jours dans les temples pour verser de l’eau parfumée au jasmin et à la rose sur les représentations de Bouddha, signe de purification.
Des stupa de sable ont également été élevées et plantées de drapeaux colorés, symbolisant un “retour” de la terre que les fidèles emportent sous leurs semelles lors de leurs nombreuses visites aux temples durant l’année.
Bien que le Songkran soit célèbre pour ses gigantesques fêtes, les retrouvailles familiales demeurent au centre des célébrations, les jours fériés accordés durant cette fête permettant à des millions de Thaïlandais de retourner dans leur province d’origine, de retrouver leurs proches et de pratiquer des rites pour amener la chance et la pureté pour la nouvelle année.
Le deuxième jour de ces festivités est connu traditionnellement pour être le moment où les thaïlandais préparent la nourriture et les offrandes à donner aux moines le jour suivant.
C’est également l’occasion pour les jeunes de témoigner de leur respect et gratitude aux aînés en leur versant de l’eau parfumée dans les paumes ou sur les pieds. En retour, les plus âgés accordent leur bénédiction aux jeunes, généralement accompagnée d’une guirlande de fleurs de jasmin.
Souvent réduit aux batailles d’eau démesurées qui l’accompagnent, le Songkran, qui signifie littéralement “passage astrologique” et désigne la transformation ou le changement, symbolise surtout la période où les maisons et les lieux publics sont nettoyés pour se défaire de la malchance de l’année précédente, et reprendre à zéro pour le nouvel an qui s’annonce.
Outre sa signification religieuse, le Songkran est aussi fondamentalement un festival saisonnier et agricole. S’asperger d’eau au moment le plus chaud de l’année, juste avant le démarrage de la saison humide, est une manière pour les Thaïlandais de conjurer les pluies en vue de récoltes abondantes.
Cette année, avec beaucoup moins de ferveur entourant les festivités du Songkran, les Thaïlandais se sont tournés vers l’organisation de performances de musiques et de danses traditionnelles sur des scènes aménagées au niveau des temples dans le respect des règles de distanciation physique.
L’accent a aussi été mis sur les rituels ancestraux, les fidèles prenant plaisir à sonner les cloches, les gongs et les tambours des temples, signe porte bonheur et son qui aiderait à noyer les “bruits non favorables”.
Les Thaïlandais ont certes droit à un Songkran moins arrosé mais beaucoup plus spirituel, de quoi amorcer un retour aux traditions thaïes, cette fête ancestrale étant initialement célébrée en famille dans le recueillement et la piété filiale.