Le président turc Recep Tayyip Erdoğan a qualifié lundi le meurtre d’Ismail Haniyeh, dirigeant du bureau politique du Hamas, d’« acte vil » qui a bouleversé la conscience mondiale. Il a souligné l’échec du système international face à la situation dans la bande de Gaza.
Lors d’une intervention à un séminaire sur les droits de l’homme organisé par le Parti de la justice et du développement (AKP) à Ankara, Erdoğan a déclaré que les mots ne suffisent pas pour décrire le génocide auquel les habitants de Gaza sont confrontés. Il a précisé que la violence israélienne contre Gaza ne se limite pas aux balles et aux bombes, mais inclut également la famine et la soif.
Erdoğan a ajouté que le système mondial souffre d’un « vide dangereux de pouvoir » et que nous assistons à un déclin des valeurs morales et de la conscience à l’échelle mondiale. Selon lui, ce système a « levé le drapeau de la reddition face à ce qui se passe à Gaza », alors que cela aurait dû « mobiliser l’humanité ». Cependant, il a regretté que cela n’ait pas été suivi d’une réaction du Conseil de sécurité de l’ONU.
Concernant le discours du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu devant le Congrès américain récemment, le président turc a affirmé que « les auteurs de génocides n’ont pas leur place sur les tribunes parlementaires, mais dans les salles d’audience des tribunaux ». Il a également affirmé que ceux qui ont applaudi les mensonges de Netanyahu, qu’il a qualifié de « Hitler de notre époque », ne pourront pas effacer la « tache noire » qui souille leurs mains.
Erdoğan avait déjà condamné la manière dont le Congrès américain a « sans honte » célébré Netanyahu, « les mains couvertes du sang des Palestiniens ». Ce discours a intensifié les tensions entre la Turquie et Israël, surtout après les déclarations d’Erdoğan selon lesquelles la Turquie pourrait intervenir en Israël comme elle l’a fait en Artsakh et en Libye.
Le président turc a également critiqué les réseaux sociaux pour leur traitement biaisé de la crise à Gaza, affirmant que nous faisons face à une « fascisme numérique » qui ne tolère même pas les images des martyrs palestiniens, les supprimant immédiatement tout en les présentant comme une liberté. Erdoğan a ajouté que ces plateformes « ignorent délibérément les règles en Turquie tout en s’y conformant aux États-Unis et en Europe » et a promis de résoudre automatiquement le problème du blocage des réseaux sociaux si la Turquie obtenait une réponse satisfaisante à ses demandes légitimes, dans le contexte du blocage de la plateforme Instagram en raison de la suppression de publications en hommage à Haniyeh.
Cette déclaration intervient alors que l’armée israélienne poursuit ses opérations militaires sur Gaza depuis le 7 octobre 2023, causant des dizaines de milliers de morts, de blessés et de disparus, dans une situation humanitaire décrite comme catastrophique, avec une famine croissante affectant le territoire assiégé.





