À peine fini le débat sur l’inscription de la liberté de l’IVG dans la Constitution française, le président Emmanuel Macron lance une question de société avec «l’aide à mourir».
Des associations de soignants, l’Eglise de France ainsi que des autorités religieuses musulmanes ont vivement critiqué ce lundi le projet de loi sur « l’aide à mourir » présenté par Emmanuel Macron. Droite et extrême droite sont aussi montées au créneau.
Après un long moment de réflexion, Emmanuel Macron a présenté les grandes lignes de son projet sur la fin de vie dans un entretien aux quotidiens La Croix et Libération. « L’aide à mourir » que dessine le chef de l’Etat n’a pas beaucoup évolué depuis la Convention citoyenne sur la fin de vie et les avant-projets de l’ancienne ministre Agnès Firmin-Le Bodo. Elle en revient à la réalité du « suicide assisté » et d’une exception d’euthanasie.
Une « aide à mourir » permettra à certains patients, selon des « conditions strictes », de recevoir une « substance létale ». Le texte, qui traduira une promesse de campagne, inclura aussi des mesures pour renforcer les soins palliatifs, insuffisants de l’avis général.
D’après des médias locaux, le « soulagement » dominait parmi les défenseurs d’une évolution de la loi Claeys-Leonetti, comme l’a exprimé ce lundi le président de l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), Jonathan Denis. S’il a salué « une avancée », il s’est aussi inquiété d’une « inapplicabilité « vu les multiples critères pour l’aide active à mourir. « J’appelle les parlementaires à l’amender » pour éviter de « faire voter une loi qui condamnerait encore des Français à partir en Suisse ou en Belgique », a-t-il ajouté.
A l’inverse, des soignants, l’Eglise catholique ou des voix de droite et d’extrême droite ont vivement protesté.
Exprimant « consternation, colère et tristesse », des associations de soignants, notamment l’influente Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), ont jugé qu’ « avec une grande violence, le chef de l’Etat annonce un système bien éloigné des besoins des patients et des réalités quotidiennes des soignants, avec en perspective de graves conséquences sur la relation de soin ».
Face aux résistances attendues, Gabriel Attal, le Premier ministre, a appelé ce lundi les parlementaires à « un débat apaisé, éclairé, respectueux des positions de chacun », relevant que cette évolution de la loi est « attendue de longue date » et constitue « un progrès ».
Comme c’est généralement l’usage sur les sujets sociétaux, les groupes parlementaires ne donneront pas de consigne de vote. C’est un « sujet intime » qui « transcende les mouvements politiques », selon le chef de file des députés Renaissance, Sylvain Maillard.
Les centristes au Sénat voteront aussi « en âme et conscience », selon leur chef, Hervé Marseille. Si la voie est étroite, cette réforme « peut passer » même à la Chambre haute, a-t-il pronostiqué, car « ça correspond à ce que beaucoup de groupes de gauche souhaitaient et les autres groupes sont partagés ».
« A l’Assemblée nationale, il y aura une courte majorité pour le voter », anticipait un membre du gouvernement.
AFP & AGENCES